1. Mama Tebah - Flor de Cuba


    Datte: 28/08/2021, Catégories: fh, fagée, grosseins, groscul, pénétratio, portrait, couple,

    « Quelle chaleur dans cette cuisine ! » se dit Mama Tebah en soulevant le couvercle de son fait-tout.« Le colombo de porc a encore besoin de mijoter un bonne heure ». Elle essuie de son torchon la poignée du couvercle puis, avec le même torchon, elle éponge son décolleté, deux larges auréoles marquent son chemisier rouge. Sous son fichu de Madras qui cache ses cheveux, de grosses gouttes sueur lui perlent le front. Une belle négresse de Cuba, « mon quintal d’amour » comme lui dit Carlos. À quarante-neuf ans Mama Tebah a eu quatre enfants de trois pères différents. Le plus grand a vingt-sept ans et le plus petit douze ans mais, malin comme il est, il est déjà en âge de se débrouiller tout seul. Mama Tebah ne sait pas dans quelle combine il se mêle mais souvent, pour se faire pardonner de rentrer tard, il ramène un poulet ou un morceau de porc. Tous ses maris l’ont quittée mais aujourd’hui elle cuisine pour son homme, Carlos, son amant du moment. Il est ouvrier agricole et, comme tous les ans à la saison de la récolte du tabac, il est parti louer ses bras dans la région de Pinar del Rio. Il a dormi chez le cousin de Mama Tebah ; sa famille est de là-bas. Mama se souvient que, petite fille, elle allait se glisser dans les séchoirs à tabac pour jouer à cache-cache. Au milieu de ces grandes feuilles parcheminées qui séchaient comme du linge, sur des évents. Chaque soir, on amenait la récolte du jour et l’on faisait monter d’un étage les longues gaules sur lesquelles les feuilles ...
    ... étaient étendues, en décalant d’un niveau le séchoir. Les feuilles brunes tout là-haut, après vingt jours, étaient prêtes à être envoyées à la fabrique. Elle trouvait des cachettes, dans ses vastes cases de paille, dans le noir, sous une large feuille de tabac ; elle fermait les yeux pour respirer l’odeur forte. Mama Tebah sait que Carlos doit rentrer aujourd’hui. Il a dû prendre le bus de Pinar del Rio ce midi. Elle a décidé de lui préparer son plat préféré, le colombo de porc aux haricots rouges. Elle y a pensé dès le matin en se réveillant… ce qu’elle allait lui cuisiner… pour fêter son retour, c’est comme un rituel amoureux. Depuis un mois qu’elle attend son homme, elle va le mettre en appétit. Elle est allée chercher sur le marché un beau morceau d’échine de porc. Puis elle a commencé à monter la joie et l’impatience, alors elle est sortie dans son potager cueillir les tomates. Elle a choisi les plus mûres en leur parlant« Alors mes jolies, à vous voir rougir comme ça ce matin, vous avez dû passer une sacrée nuit ! » Puis elle a explosé de rire, toute seule dans son jardin. Son grand rire rauque a même rameuté sa voisine, Maria, qui a passé son visage à la fenêtre en pensant qu’il y avait une bonne blague qui se tramait. À 18 heures, le soir tombe alors elle commence à cuisiner en pensant à Carlos. Elle met la radio et elle entend la voix d’Ibrahim Ferrer qui chante« Ay Candela » et elle se met à danser en préparant la viande. Elle coupe les morceaux de porc en malaxant ...
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