1. La clé


    Datte: 30/11/2017, Catégories: fh, Collègues / Travail nonéro, sf,

    ... sentais très méfiante, mais au moins il était possible de discuter… — Je… j’espère que tu as compris mon attitude, mardi matin, devant le boss. Je n’avais pas d’autres choix que de charger la barque. C’était horrible de devoir débiter ces conneries à un mètre de toi, en sachant toute la souffrance que je provoquais !— Et si tu m’en avais parlé avant, en toute franchise ? objecta-t-elle.— Tu m’aurais pris pour un malade mental. Les quelques bribes que j’ai dévoilé ont déjà suffit à nous séparer, Karina. Imagine un peu si je t’avais annoncé, de but en blanc, qu’un messager du futur, qui n’était autre que de moi-même, était à l’origine de tout ça !— …— Karina ? Tu es là ? Est-ce que tu… tu continues de me prendre pour un dingue ? lui demandais-je, rompant le silence. Je n’entendais plus qu’une respiration rauque à l’autre bout du fil. Elle ne disait toujours rien. Que pensait-elle de tout ça, en ce moment-même ? — Non, Franck. À présent, je te crois ! finit-elle par répondre, avec une allégresse aussi soudaine qu’incompréhensible. Se pouvait-il que… Je jetai un œil à l’écran de ma télé, et lâchai presque le téléphone sous le coup de l’émotion : le second tirage du loto venait d’avoir lieu et les nombres qui s’étalaient sur ma rétine étaient bien les bons ! oooOOOOOooo Je n’arrivais pas encore à réaliser ; Karina et moi étions les seuls gagnants de la méga cagnotte. Et elle me croyait enfin ! La preuve tant attendue valait son pesant d’or ; nos gains cumulés s’élevaient à ...
    ... dix-sept millions d’euros… J’avais encore énormément de mal à me persuader que je ne rêvais pas. D’une voix chevrotante, je lui proposai que l’on se rejoigne au petit bistrot où nous avions partagé un peu de complicité et quelques croissants une semaine en arrière, presque une éternité… J’arrivai avant elle et nous réservai une table dans un coin discret, à l’abri des regards et des oreilles qui traînaient. Toujours sous le choc, je me sentais loin de mon état normal. Les lumières me faisaient de l’œil, irréelles, presque trop brillantes ; le bruit des conversations résonnait le long de mes conduits auditifs, déformé, comme si je flottais dans un étrange monde aquatique. Je ne regrettais plus d’avoir couru tous ces risques, malgré les rudes épreuves que j’avais dû traverser. Les minutes s’écoulaient sans que Karina n’apparaisse à l’horizon. Viendrait-elle, finalement ? Soudain, sans que je ne l’aie vu approcher, elle fut là, surgissant comme un elfe des forêts de l’Oural. Je l’invitai à s’asseoir. Son regard brillant était le témoin le plus sincère de ma crédibilité retrouvée. Je voulus prendre ses mains entre les miennes, mais elle les retira comme si j’avais été le diable en personne. Puis, dans un geste hésitant, elle les replaça sur la petite table de stratifié mauve, me laissant les envelopper presque à contrecœur. — Il faut que je m’habitue, Franck. Ce que tu as réalisé, c’est presque de la sorcellerie !— J’ai eu un sacré bon tuyau, c’est tout, objectai-je à mi-voix.— Pas ...