La clé
Datte: 30/11/2017,
Catégories:
fh,
Collègues / Travail
nonéro,
sf,
... mondialistes s’étaient mobilisés pour empêcher son implantation, mettant en avant les gigantesques déplacements de populations qu’il allait nécessiter. Comme d’habitude, ce serait aux plus démunis de subir les conséquences néfastes du développement économique voulu par le gouvernement indien. Les opposants au barrage avaient remporté une grande victoire quelques années auparavant, quand la Cour suprême indienne avait ordonné le gel du projet, malgré le soutien de la banque mondiale. Mais ils avaient fini par être déboutés par cette même Cour suprême qui déclara que les travaux devaient finalement être menés à leur terme. La précipitation soudaine du gouvernement de New Delhi s’expliquait par son souhait d’exploiter cette dernière victoire avant que quiconque ne vienne à nouveau s’interposer. À supposer que je puisse trouver un moyen d’agir par la suite, ce contexte ne me faciliterait pas la tâche ! Le samedi finit par arriver, point d’orgue à cette semaine éprouvante. Bien que je n’eus aucune nouvelle de Karina, je croisai les doigts pour qu’elle ait lu ma lettre. Je brûlais d’impatience, espérant sans presque oser y croire que l’heure de ma revanche allait bientôt sonner. Ce fut enfin l’heure du grand tirage. Il était plus que temps, j’étais tendu comme une corde de guitare ! Je m’installai face à mon écran plat, zappant furieusement pour atteindre le bon canal. Le moment de vérité allait avoir lieu, mon regard cabriolait entre le bulletin de loto chiffonné et le poste de ...
... télévision. Je n’osais pas y croire. Le premier nombre venait de sortir. Connaissant par cœur ma sélection, je sus instantanément qu’il était bon. Le second nombre fut tiré à son tour… bordel, celui-ci n’était pas sur mon bulletin ! Je tentai de ne pas céder à la panique. La combinaison que m’avait communiquée Franck 2034 pouvait très bien concerner le second tirage de ce samedi. Je muselai mon angoisse pour quelques dizaines de minutes. Juste avant que n’ait lieu le second tirage, la sonnerie du téléphone retentit, me secouant comme si je venais de serrer la pince à une ligne de dix mille volts. Toujours installé sur le canapé, face à l’écran, je décrochai. Je n’eus aucun mal à reconnaître la voix au bout du fil. — Karina… Et bien, je suppose que tu as dû lire ma lettre, dis-je presque sereinement.— J’ai pensé en faire des confettis au moins dix fois avant de me décider à l’ouvrir.— Mais tu l’as ouverte, finalement… fis-je.— Je me demande encore pourquoi. Peut-être dans l’espoir que tu ne sois pas juste un manipulateur pervers, Franck, me répondit-elle, d’un ton qui n’était pas aussi froid qu’elle l’aurait voulu.— Peut-être aussi parce qu’on a eu un bon feeling, tous les deux ? plaisantai-je, pour détendre un peu l’étau qui nouait ma gorge.— Possible. Je ne suis pas encore assez désabusée pour ne plus croire au père noël… Visiblement, elle avait lu le récit détaillé de mes mésaventures sans piquer de crise d’hystérie. Ou bien elle avait eu le temps de se reprendre. Je la ...