1. Liberty


    Datte: 03/07/2017, Catégories: fh, couple, Collègues / Travail vacances, sf,

    ... une erreur s’étant glissée dans SON projet de barrage ? Dans ce cas, la faille ne concernerait que cette réalité alternative, ce qui pouvait expliquer notre incapacité flagrante à la débusquer dans notre propre dimension. Plus j’y pensais, plus je trouvais plausible cette hypothèse. Ce n’était pas le cas de Karina. Ma blonde compagne jugea cette dernière théorie tout juste bonne à figurer dans un récit de S-F à deux sous. Elle préférait revenir à quelque chose de plus terre à terre : selon elle, j’avais simplement bénéficié d’une chance insolente, tout en étant - en parallèle - victime d’une série d’hallucinations hyperréalistes. Je rejetais catégoriquement sa tentative d’explication ; non, je n’avais pas pété les plombs suite à l’abus de stress. Et je n’avais pas non plus décroché la timbale (une timbale à dix-sept millions d’euros tout de même) par un simple et heureux hasard ! La probabilité que se produise une telle conjonction d’événements frisait le néant absolu. À mon avis, cela la rassurait de penser ainsi. En particulier, concernant le sujet sensible de l’annonce de mon décès pour le début des années 2030. Elle considérait cette « prédiction stupide » comme le travestissement évident de mes pensées morbides et angoissées. De plus, cette façon de voir était tellement pratique pour « normaliser » - et donc déculpabiliser - la manière dont j’avais ramassé tout ce fric… Il fallait l’avoir vécu soi-même pour se rendre compte à quel point était intangible la réalité de ...
    ... cette rencontre avec mon double ; le souvenir que j’en gardais était trop vif et précis pour avoir été fabriqué de toute pièce – même par un « cerveau dérangé » aussi exceptionnel que le mien ! Cette expérience incommunicable était tout simplement réelle, je n’en démordais pas. Cependant, chacune de nos tentatives d’explication aboutissaient à la même conclusion déprimante : en l’absence d’éléments nouveaux, nous n’avions aucun moyen d’agir ! Pire encore, on pouvait sérieusement se demander s’il y avait matière à faire quelque chose… Je me sentais aussi utile qu’un porte-avion nucléaire privé de combustible. Suréquipé et doté d’une puissance de feu exceptionnelle, mais incapable de rejoindre le théâtre des opérations. Pour fuir cet accablant sentiment d’impuissance, je me réfugiais dans des rêveries stériles, remâchant avec amertume ces péripéties qui n’aboutissaient à rien d’autre qu’au néant. Alors qu’il me semblait n’être plongé dans l’univers glauque de mes pensées que depuis quelques minutes, le plus souvent il s’était écoulé des heures… Karina supportait de moins en moins de me voir déambuler ainsi, sans but, à la poursuite de chimères aussi informes qu’insaisissables. Un soir, elle en eut plus qu’assez de rentrer sa colère et de faire le dos rond : ce fut elle qui déclencha une explication, exigeant de savoir si je comptais scruter mon nombril ad vitam, en ne voyant rien d’autre dans l’univers. Cet orage brutal fut un véritable électrochoc. Un peu comme un seau d’eau ...
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