Liberty
Datte: 03/07/2017,
Catégories:
fh,
couple,
Collègues / Travail
vacances,
sf,
... qu’on vous balancerait à la figure ; le liquide glacé vous transperce d’abord de ses milles aiguilles de givre avant que le récipient de métal, le suivant de peu, ne vienne vous assommer avec un grand « Boïng ». Cela me fit au moins prendre conscience d’une chose : ne plus se préoccuper des évènements extérieurs, sous prétexte que je n’avais plus de prise sur eux, risquait de m’amener à perdre ce qui comptait réellement pour moi. À l’occasion de cette crise ouverte, je fis le deuil de mes « grands projets » de ces dernières semaines. Plutôt que de tenter de « sauver le monde », j’allais déjà m’attacher à sauver notre histoire, avec l’aide de Karina… Il me fallait un moteur pour repartir de l’avant, un projet à partager avec elle. Nous avions tous les deux le goût de l’aventure et l’envie de voyager ; je disposais des moyens financiers adéquats pour matérialiser ce rêve. Nous décidâmes alors de larguer les amarres, au sens premier du terme : après avoir trouvé le navire adéquat, nous voyagerions tout autour de la planète. Notre objectif principal était de découvrir le vaste monde en parcourant les sept mers. Le bénéfice secondaire était simple : être heureux et ensemble, dans un cadre toujours renouvelé. C’était en fait le plus important des buts que nous pouvions nous fixer ! Après des semaines d’hésitations et de visites diverses, nous avons fini par arrêter notre choix sur un magnifique Falcon de quatre-vingt six pieds. Ce yacht ultramoderne était très navigable, avantage ...
... primordial pour nous assurer une parfaite sécurité, même dans les pires conditions météo. En prime, le confort à bord soutenait la comparaison avec la suite présidentielle d’un hôtel de prestige, ce qui ne gâchait rien à l’affaire. Je me rendis vite compte que l’on s’accommodait très bien du luxe du Falcon, que j’avais pourtant jugé éhonté au premier regard. Karina et moi apprécions particulièrement notre grande cabine, dotée d’un lit gigantesque incitant à toutes sortes de débauches… Ce navire présentait un avantage indéniable : nous étions assez de deux, Karina et moi, pour le manœuvrer ! Pas besoin de skipper à bord. Bien sûr, il ne serait pas question de traverser les océans - du moins, pas au début - mais il y avait déjà largement de quoi partir à l’aventure. Avant cela, je fis faire quelques aménagements ; le plus important fut l’ajout d’une seconde réserve de carburant, en plus de la cuve de huit milles litres, afin de doubler l’autonomie du yacht. Les deux moteurs, développant chacun mille cinq cents chevaux, pouvaient nous propulser à plus de vingt-cinq nœuds, mais pour tenir la distance il faudrait de quoi les nourrir… Nous avions choisi de rebaptiser notre yacht «Liberty », au grand dam de la vieille dame à l’entrée du port de New-York. À la fin du premier semestre 2009, nous vivions à bord depuis plusieurs mois déjà, amarrés au port de Mandelieu. Karina avait pris un congé sabbatique illimité et nous nous étions mariés en toute discrétion dans l’arrière-pays. Cette ...