Réconfort & vieilles dentelles VI. Les escarpins rouges (3)
Datte: 16/12/2017,
Catégories:
Hétéro
... compatissant. Etant arrivé au terme de ce que je voulais lui dire, je m’attendais à ce qu’elle se lève et prenne congé, mais elle ne semblait pas se décider à bouger. Aussi, je fis le geste de me lever et ce fut le signal : elle se leva également, mais avec une certaine nonchalance, ce qui était inhabituel chez elle. Elle se tenait debout, à côté de moi, comme un peu figée. Je sentais qu’elle avait encore quelque chose à me dire. En effet, elle dit d’une voix plus basse : " - Ecoutez, Mr D, je suis sincèrement désolée de ne pouvoir vous faire une offre plus avantageuse pour vous. Ça ne tiendrait qu’à moi, je vous assure, je vous ferai un rabais plus intéressant... mais je ne peux pas... Mon mari a déjà râlé quand il a su que je vous avais parlé d’une remise de 5 % - on s’est un peu disputés... enfin, je ne devrais pas vous parler de ça... mais ça me dérange, il ne fait pas franchement de concessions... enfin, jamais pour tout dire. Moi, je pense qu’on pourrait vous faire cette remise - on est voisins, après tout... et puis vous êtes si sympathique... — Je vous remercie" dis-je doucement, en prenant un air un peu gêné. « - Ce serait malheureux, » dit-elle en prenant un air contrit, « que nous nous quittions ainsi... Je n’aime pas ça. Après ce devis que vous n’accepterez pas » continua-t-elle avec des airs de chatte précieuse, « il y a de fortes chances que nous ne voyions plus... » Elle avait levé ses yeux vers moi, des yeux de biche troublée, et elle papillonnait un peu ...
... des cils, comme une jeune fille qui sait y faire. Sans compter qu’imperceptiblement, elle s’était rapprochée de moi ; je ne l’avais encore jamais eu aussi près de moi. Je sentais le parfum de son souffle que je trouvai très agréable. « - Et comment pourrions-nous faire ? » lui répondis-je en choisissant un ton un peu enjôleur. Elle baissa un instant les yeux. Puis les leva vers moi, en posant sa main sur mon avant-bras : « - Ecoutez, » commença-t-elle : « moi ce que je pourrais faire c’est vous faire une remise de 5 %... mais non officielle... C’est-à-dire que pour vous faire réellement ce rabais de 5 % je pourrais ne pas encaisser un dernier chèque, je peux le faire, mon mari regarde les devis, mais la comptabilité c’est moi qui la tient, il n’y entend rien. Vous comprenez, mon mari est un peu grippe-sous, il est devenu trop cupide, alors que nous avons désormais une bonne situation, nous gagnons encore suffisamment notre vie. Mais il ne se rend pas compte que la vie a changé, avec la concurrence étrangère, tout ça ; les prix ont baissé, mais nous pourrions baisser aussi... Nous serions des artisans en début de carrière, endettés et tout, c’est vrai que ce serait difficile, mais cela fait trente ans que nous avons commencé... — Je comprends. Mais même avec... un rabais de 5 %, vous êtes encore chère, chère Madame S. » lui dis-je plus bas et avec le ton le plus délicat que je pouvais ; et je me surpris, en prononçant ces mots, à lui caresser délicatement la joue. Elle sourit, ...