1. Un futur grisâtre


    Datte: 20/12/2017, Catégories: mélo, sf, policier,

    ... vomi la première fois. La deuxième fois, elle n’avait pas mangé afin de ne rien rejeter. Puis, les fois suivantes, cela ne lui avait plus rien fait. Elle regarda le corps nu, allongé sur une table en fer. La pièce était baignée de lumière blanche, presque aveuglante, qui faisait paraître le cadavre encore plus pâle qu’il ne l’était déjà. Elle prit une photo du corps, puis une autre du visage qu’elle mit immédiatement dans sa poche. Elle toucha son front glacé et ses joues. Elle était moins maigre que les autres, sans doute la copine d’un chef de bande qui la nourrissait assez bien. L’atmosphère aseptisée de la pièce lui montait à la tête et elle préféra quitter les lieux. Elle voulait aussi éviter le retour du médecin. Elle sortit de l’hôpital et marcha longtemps sans but précis. Il commença à neiger, des flocons noirs et lourds. Elle accéléra pour se protéger sous les vestiges d’un ancien abribus. On ne savait pas ce qu’on risquait réellement en étant en contact avec cette poudre, mais mieux valait être prudent. Très vite, les rues se vidèrent, les gens rentraient chez eux. Elle alluma une cigarette et leva les yeux. Les flocons tombaient, de plus en plus épais, de plus en plus nombreux. Il y en avait pour un moment et elle s’assit en attendant que cela se calme. Douze ans après le cataclysme nucléaire, le nuage radioactif qui étouffait la ville ne s’était pas estompé. Il asphyxiait la cité et avait déréglé le climat. En été, la chaleur était suffocante et irrespirable, les ...
    ... gens mouraient par centaines. Les hivers n’étaient pas particulièrement froids, mais très humides et ce qui tombait du ciel était probablement nocif pour la santé des survivants. Plus rien ne poussait et pour nourrir la population, les autorités se fournissaient de l’autre côté du mur. Au début, elle s’était demandée avec quoi ils payaient, puis elle préféra l’ignorer. Elle savait simplement que de l’autre côté, ils avaient l’électricité en permanence, de l’argent et qu’ils possédaient des techniques élaborées qui leur permettaient de faire des cultures malgré le manque de soleil. La neige avait cessé de tomber et elle profita de l’accalmie pour rentrer chez elle. Elle dormirait seule cette nuit. Cela ne la gênait pas. Ce qui lui faisait peur, c’était ce cauchemar récurrent contre lequel elle ne pouvait pas lutter et qu’elle vivait jusqu’à la fin, incapable de se réveiller avant son terme. Elle décida qu’elle regarderait la télé, si le courant ne sautait pas. Au pied de son immeuble, les détritus s’amoncelaient, royaume des rats et des chiens, plus nombreux que les hommes. Des débris de verres constellaient le bitume troué par les impacts de balles. Quelquefois, elle trouvait un cadavre allongé sur les marches de l’escalier, meurtre ou suicide, les causes de décès les plus fréquentes ces derniers temps. Ce soir, la neige avait fait un tapis noir presque propre et les gens étaient cloîtrés chez eux. Le quartier était calme, serein. Les ascenseurs n’étant pas en état de marche, ...
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