1. Mon enfer (2)


    Datte: 06/01/2018, Catégories: Divers,

    ... sexy, mais la mode me passe un peu par-dessus les cheveux. J’ai dû suivre à plusieurs reprises les conseils des vendeuses des magasins dans lesquels j’ai fait des emplettes. Alors que je sors de la douche commune, celle de ma piaule ne fonctionnant pas très bien, traversant le couloir qui mène à ma chambre, je croise le regard d’une autre paumée de la vie qui comme moi, crèche ici. Son salut et ses yeux admiratifs me font me souvenir que je me trimballe avec seulement une serviette nouée sur le corps. Quel bonheur que de passer un temps fou à redevenir la Claude d’antan ! Le miroir minuscule qui me renvoie une image de cette femme qui renait, me rappelle d’autres moments… ceux ou penché sur mon épaule un homme me murmurait des mots d’amour. Je soupire, le passé est révolu, l’avenir incertain est pourtant devant moi. Quand je me trouve assez jolie pour sortir, j’enfile en tremblant ces fringues qui me vont comme un gant. Me voici à nouveau… présentable, pour ne pas dire… consommable. Si je reste calme, au fond de moi, l’attente de mon corps pour du sexe reste comme ancrée, chevillée au moindre de mes mouvements. J’ai lutté sous la douche pour ne pas satisfaire ce besoin impérieux qui m’envahissait peu à peu alors que la pomme arrosait mon épiderme de son jet doucereux. Aucun désir de trainer trop longuement dans cette chambre sordide, encore que c’est un palace au regard de la cellule qui m’a servi de maison durant des années. Puisque je me sens… belle, je veux aller ...
    ... marcher dans des rues pleines de vie, je ne demande rien d’autre que sentir des regards se poser sur moi, me frôler, me désirer peut-être aussi. Alors que je quitte l’établissement qui m’accueille, le directeur sur le pas de la porte, à l’extérieur, fume une cigarette et son bonsoir claque dans le soir qui tombe. Une sorte de chaleur suit mes reins quand je m’éloigne. Je suis certaine que ses yeux me déshabillent jusqu’à ce que je disparaisse, au coin de la rue. Une odeur est remontée dans ma mémoire, celle du tabac blond. Je n’ai jamais fumé, mais je me souviens de celles que toi, Michel tu broussais. Tes traits se sont légèrement estompés et seul le bout rougeoyant de ta clope reste en toile de fond de mes souvenirs. Comment mes pas m’emmènent-ils vers notre ancien « chez nous » ? Il arrive que l’on fasse des choses, machinalement, et le chemin qui me rapproche de cette maison est comme un pèlerinage. Devant les grilles ouvertes, je suis tentée d’avancer vers ce lieu qui m’a donné tellement de bonheur. Je n’ose pas aller plus avant que la haie de troènes bien taillés. À quelques dizaines de mètres de moi, une balançoire me rappelle que d’autres désormais vivent ici. Un dernier coup d’œil sur le balcon où tu venais si souvent et j’ai comme l’impression fugace que je devine ta silhouette. Les yeux embués, je regarde une fois encore et si un homme est bien là, il ne te ressemble en rien. Immédiatement, je sais de qui il s’agit. Alain n’a pas vraiment changé, mais la distance peut ...
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