1. Mon enfer (2)


    Datte: 06/01/2018, Catégories: Divers,

    ... parfois être trompeuse. J’ai un mouvement de recul, trop rapide, mal négocié et je suis sûre qu’il m’a aperçu. Ce n’est qu’une fraction de seconde, mais c’est clair, il a vu cette intruse qui se trouvait sur sa propriété. Je file de là le plus vite possible, mes talons résonnent sur les trottoirs. Enfin essoufflée, je me calme et ralentis mon allure quand je juge que je suis loin de lui. Le bruit qui parvient à mes oreilles… c’est… non pas possible, c’est de la musique et en levant le regard il me semble reconnaître la maison de Grégoire. C’est drôle comme quelques notes me ramènent à la réalité. Oui ! C’est bien dans cette maison que je suis venue hier. Quel instinct me pousse sur le perron de cette demeure ? Je n’en sais rien, mais je suis devant la porte et je pousse doucement le battant de celle-ci. Elle n’est pas fermée et j’ose pénétrer dans cet antre d’où s’échappent les plaintes d’un violon qui me crispe le ventre. Toujours poussée par je ne sais quelle main invisible, me voici dans la salle d’où les sanglots me parviennent. Grégoire me tourne le dos, son instrument collé à sa joue, l’archet tire des montagnes de douceurs des cordes bien réglées. J’adore cette musique. La septième symphonie de Beethoven. Quand il se retourne, je mets mon doigt travers de mes lèvres et lui ne semble pas plus perturbé que cela par cette intrusion surprenante. Mon sac jeté sur un fauteuil, je me place devant le seul endroit qui m’intéresse. Mes mains désormais retrouvent une autonomie ...
    ... instinctive. Elles flottent sur les noires et les blanches, courent pour suivre le rythme et donner la réplique au violon. Dans la pièce, une ambiance bizarre s’instaure tranquillement, les sons se mélangent, se mêlent et s’emmêlent, se nouent en sanglots, se défont en soupirs. Je ne pense à rien seulement à ce souffle qui me court sur le cou, celui d’un temps passé, d’une ère perdue. Mes paupières closes sont les meilleures protections du monde, je me sens bien, je suis de nouveau heureuse. À tel point que je n’ai pas entendu le violoniste se taire. Je réalise seulement qu’une présence réelle est contre moi quand s’envolent les dernières mesures de cette aubade salvatrice. Grégoire s’est rapproché et sa main placée sur mon épaule, reprend la place que tu as laissée vacante. C’est bien, c’est bon ! Mon ventre n’est toujours pas calmé, ma faim de… visite revient au premier plan. Comme pour l’avocat, ce type n’est rien d’autre pour moi qu’un refuge. Il n’a pas de visage, il ne représente pour moi qu’une opportunité de retrouver une vie sexuelle normale. Mais la normalité des uns n’est pas celle des autres et j’ai encore à l’esprit la baffe reçue lors de mon déjeuner avec Gilles. Malgré tout son comportement de la veille semble indiquer son attrait pour les femmes… mais sait-on jamais ? Une véritable obsession s’est emparée de mon esprit. Je ne vois plus dans cet homme qu’un vit qui me ferait du bien. Juste un sexe bien raide qui calmerait pour un temps cet appétit qui m’empêche ...
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