1. Impossible rencontre


    Datte: 06/02/2018, Catégories: Collègues / Travail caférestau, nonéro, sf,

    ... va gober ton histoire ? Un gars qui se soûle la gueule et qui se réveille avec des visions de fin du monde, ça fait pas très sérieux, quand même ! me souffla une voix dans ma tête, avec les intonations de mon alter ego du futur… Bon Dieu, pourquoi fallait-il que ça tombe sur moi ? Et au moment où j’aspirais plus que tout à prendre un repos bien mérité ! Ces pensées défaitistes, qui vrombissaient comme des guêpes folles dans mon crâne de plus en plus douloureux, m’avaient mis dans un tel état de stress que je ne risquais pas de trouver le repos avant longtemps. Autant aller de l’avant tout de suite ! Je me décidai donc à appeler Jean-Luc Fournier, un des ingénieurs de l’équipe ayant bossé sur les dispositifs de soutènement du barrage. Il ne décrocha son téléphone qu’à la sixième sonnerie, alors que je commençais à perdre l’espoir de pouvoir le joindre. — Hé ! Franck ! Alors, ça y est, t’es remis du pot de ce midi ? Tu sais, personne n’a eu le cœur de te réveiller en partant, tu roupillais tellement bien ! me balança t-il.— Mouais, ça va mieux… C’est sûrement la chaleur, ou bien la fatigue. D’habitude, je tiens un peu plus le choc, lui répondis-je, un brin vexé.— Sûrement ! J’imaginais sans peine le sourire ironique de Jean-Luc, à l’autre bout du fil. Bon, il fallait que je lui donne la raison de mon appel, à présent. Mais comment amener le sujet ? — Heu… J’aimerais bien te parler d’un truc, ce week-end. Je peux rien t’expliquer au téléphone, mais c’est plutôt important ! On ...
    ... peut se voir chez moi, si tu veux bien ?— Franck, si c’est en rapport avec le boulot, je veux même pas en entendre parler avant lundi ! répliqua-t-il, d’un ton sans appel.— Mais, c’est assez urgent…, commençai-je à protester.— Écoute, on vient tous de se taper une méga overdose de taf, alors tu crois pas qu’un plein week-end à glandouiller, c’est le minimum syndical, non ? T’es pire que le boss, toi !— OK, OK, dis-je, essayant de calmer le jeu. J’avais vraiment pas besoin de me le mettre à dos ! Tant pis, autant attendre lundi pour retenter ma chance… J’allais raccrocher avec un vague « merci quand même », quand Jean-Luc eu la bonne idée de poursuivre. — Au fait, on te voit à la soirée chez Luigi ? A moins que tu préfères te taper encore quelques heures sup’ pour le plaisir ?— La soirée ! Bon Dieu, c’est vrai ! Comment avais-je pu zapper ça ? Pourtant, ce n’était pas faute d’en avoir parlé, de cette sortie au restau, à longueur de temps même, comme une invocation mystique pour hâter la fin de nos journées d’enfer. J’allais pas rater cette occasion rêvée de prendre contact – sans avoir l’air d’y toucher - avec quelqu’un qui pourrait peut-être m’aider à changer le cours des choses ! — À propos, c’est bien à vingt et une heures ce soir ? lui demandai-je.— Ben oui, c’est bien ça ! D’ailleurs, quand tu as appelé, j’étais sur le point de m’y rendre, me répondit-il en rigolant.— Oh putain, mais quelle heure il est ?— Ah, toi alors ! T’en tiens vraiment une bonne ! Eh bien, si ma ...
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