1. Impossible rencontre


    Datte: 06/02/2018, Catégories: Collègues / Travail caférestau, nonéro, sf,

    ... Mais, même là, je ne serais pas sorti d’affaire : comment expliquerais-je que j’avais su qu’il y avait ce problème avec le contrefort numéro trois ? Elle me fixait d’un air interrogatif, attendant mes confidences, à présent. J’aurais peut-être dû préparer mon speech avant ! Merde, jusqu’à quel point, exactement, devais-je lui dire la vérité ? Je devais éviter de rentrer trop vite dans les détails. — Quand on y pense, on a de sacrées responsabilités à assumer dans notre boulot de tous les jours…, lui dis-je, de façon plutôt évasive.— Ben oui, et alors ? C’est pas pour rien que tout ce qu’on fait est vérifié et contresigné avant de partir chez le client. C’est ça qui te tracasse tant ?— Eh bien, oui… Imagine un peu : il suffirait d’une erreur, passée inaperçue, pour déclencher une terrible catastrophe !— La boite est certifiée ISO 9002, non ? L’assurance qualité, ça sert à ça ! Si c’est ce qui t’inquiète, je te rappelle que notre étude sur le barrage de la Narbada a passé tous les tests avec succès ce matin ; on peut dormir sur nos deux oreilles à présent, on est couverts ! m’affirma-t-elle avec un petit sourire. Elle croyait avoir le dernier mot en assénant cet argument, imparable à ses yeux. Nous y étions, le piège était en place : notre projet était considéré à présent comme certifié, validé, blindé. Tous les tampons requis pour sa qualification ayant été dûment obtenus, il ne pouvait pas y avoir de coquilles. Fin de l’histoire, on passait à autre chose, et ce dès lundi ...
    ... huit heures… — Oui, bon, mais imagine qu’il y ait eu une connerie de faite sans que personne ne l’ait détectée, même pas la boite d’audit des Indiens. Tu le sais comme moi, ça fait une sacrée masse de données, ce qu’on a produit pour cette étude. Tout vérifier en détail, c’est presque impossible en une seule matinée…— Franck, tu me fais peur, là ! Qu’est-ce que tu essaies de me dire ? Tu viens de te rendre compte d’une erreur que t’as laissée traîner quelque part, c’est ça ? me demanda-t-elle en haussant les sourcils, inquiète.— Non, non ! Enfin… pas moi, mais peut-être quelqu’un d’autre. Même si les tâches sont plutôt complexes dans notre job, au bout de quelque temps, ça finit quand même par devenir routinier…— Accuser un collègue de négligence, ou pire, d’incompétence, c’est sacrément grave ! Dans ces cas-là, il faut en avoir la preuve irréfutable ! Est-ce que tu as une raison valable de suspecter quiconque ici ? Le ton de la conversation était monté brutalement et quelques têtes se tournèrent vers nous avec curiosité. Oups ! J’allais trop loin, trop vite. Si j’en disais plus, la donzelle allait me virer avec mépris, ou bien me rire au nez. Dans les deux cas, elle penserait que je me foutais d’elle, lui racontant des salades pour noyer le poisson. Bon, machine arrière, toute ! — Non, bien sûr. Toute cette pression accumulée, ça m’a rendu un peu nerveux, c’est tout. J’ai dû passer trop de temps coincé entre l’ordi et la machine à expresso, je ne sais plus ce que c’est que de ...
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