Addicte (4)
Datte: 11/02/2018,
Catégories:
Lesbienne
... moi, m’entrainer dans un coin sombre pour une étreinte furtive ou sauvage, je ne lui aurais rien refusé. Mais la précipitation n’était pas son credo. Leçon apprise en cours d’art dramatique : une voix bien placée causait des ravages, la journaliste jouait de la sienne avec aisance, distillant un humour délicat accentué par de plaisantes mimiques de la bouche qui la rendaient craquante à souhait. – Tu devrais passer des auditions pour être comédienne, je te verrai bien sur scène. – Pour te voler la vedette ? Ce ne serait pas cool de ma part. Je m’esclaffai, inconsciente de jouer une partie de cache-cache dont les nombreuses subtilités m’échappaient. – Tu ne te places pas dans la lumière alors. – Je le suis déjà au boulot, en réalité je préfère sous la couette. Mais je comprendrais que tu ne veuilles pas te lancer dans une aventure à mourir de rire. La remarque aurait dû choquer, provoquer une cassure ; pourtant, l’art de l’élocution me garda encore une fois sous hypnose. – Parce que tu invites les filles dans ton lit pour rire… – Évidemment, riposta Candice d’un haussement d’épaules, tu voudrais qu’on y fasse quoi d’autre ? – À quel âge tu as compris que..., ajoutai-je pressée par ma niaiserie. – Je l’ai toujours su, j’imagine. Le malaise avec les mecs, le besoin de me rapprocher des nanas, les signes n’ont pas manqué. Ce n’était pas évident, surtout au lycée, mais c’est devenu plus simple à la fac. – Rien n’a changé de ce côté. Et la première fois... ? – À l’école de ...
... journalisme, souligna Candice, après plusieurs mois d’hésitation. Je me savais lesbienne mais c’est toujours difficile de passer à l’acte. À bien y réfléchir, dissimuler ma préférence pour les filles à l’adolescence avait été une erreur, le remède se révélait aujourd’hui pire que le mal. J’avais découvert aussi les prémices de la sensualité par des attouchements maladroits, seule pour ne pas subir les insultes dont les jeunes étaient friands. – Je me suis tournée vers des femmes d’expérience, continua Candice émoustillée par la teneur de la discussion, et je ne le regrette pas. Une bonne maîtresse se concentre d’abord sur le plaisir de son amante. Il n’en fallait pas davantage. Un véritable désir naquit dans mon ventre, je la suivrai ce soir sans hésitation. Anticipant mon désir de grand air, Candice choisit la terrasse d’une brasserie discrète peu avant minuit. Mais pouvait-on vraiment parler de discrétion dans une tenue aussi provocante en compagnie d’une personne médiatiquement exposée ? Rien n’était moins sûr. On s’attarda le temps d’une salade accompagnée d’une bouteille de rosé. – Alors comme ça tu suis la première inconnue qui passe, ça t’arrive souvent ? La tournure du débat me rendit nerveuse. – C’est la première fois, excuse-moi si… – Oublie ça, se rattrapa Candice, parle-moi un peu de toi. Tu donnes l’impression de porter un malheur trop grand sur tes épaules. Pas évident de répondre sans se perdre en conjectures, l’impression de sentir ma vie sur le point de basculer me ...