Au bon vin - Histoires de Sexe

Au bon vin

... fraîche. Je n’avais pas prévu un tel échec. J’écarquillais des yeux et contemplais autour de moi s'il n’y avait une pauvre âme ou un costaud plutôt qui put me secourir. Soudain derrière moi venu on ne sait d’où une voix mutine presque fielleuse. M Bezons a toujours eu cette voix de fausset qui ajoute tant à sa laideur. Il arborait en ce temps-là cinquante ans. Adjoint au maire il présidait notre club de rugby. On le savait amateur de tendrons aussi.>>> Il payait pour cela et quelques-unes de mes copines avaient été approchées et avaient acceptés car il payait bien. L’une d’entre elles contre un gros paquet d’argent avait consenti à ce que toute une après midi il disposa d’elle à l’hôtel peu loin de l’autoroute. Il avait une queue petite mais active. Elle en avait rigolé. Toutes sortes de légendes couraient sur ce sagouin. J’avais mainte fois essuyé ces regards mais à l’époque je dédaignais les vieux dans le genre vicelard. Je me contentais de le fixer et lui tirer la langue pour signifier tout mon mépris. J’espérais qu’il enragea et me haïsse. Je ne fus pas peu étonnée cette après-midi de le croiser. Il avait surgi de l’ombre d'une tribune. Je fus tentée de lui tirer la langue et de m’enfuir encore.>>> Un petit diable à l’intérieur de moi me prévint que si je fuyais je serais irrémédiablement rangée dans la catégorie des lâches et des trouillards. La témérité m’a souvent perdu. Je toisais cet homme espérant qu’il baissa les yeux et abandonna la partie. Il le soutint au ...

... contraire avec un sourire que je perçus comme de mépris. Il me devinait. Il savait ce que j’étais venu chercher au stade. En un instant il fut près de moi. « Tu es venue fatiguer mes champions ou ces abrutis de supporters ? » Il avait la chemise ouverte sur sa poitrine broussailleuse et son petit ventre. Sans nulle pudeur il s’exhibait ainsi. Il saisit ma main et m’entraîna le long d’un gradin sous le soleil méchant. La voix était insinuante. « Ce match m’emmerde. Tu tombes bien petite. »>>> Si j’avais croisé à l’instant un garçon je me serais enfui sûrement avec lui. Mais ce jour-là on eut dit que les dieux avaient versé une sorte de torpeur sur les autres mâles. Ceux-ci étaient absents ou immobiles. Pétrifiés en statues. M Bezons tel un diable m’enleva dans ce théâtre d'ombres. Pompéi renouvelée. Le gros homme semblait marcher comme sur des coussins d’air. Mes hauts talons claquant sur le macadam je parvenais difficilement à le suivre. Je ne savais où il me menait. J’aurais pu appeler au secours mais je n’avais jamais recouru à un tel procédé avec un homme qui voulait me sauter. C’était en fait contre mes principes.>>> Nous traversâmes un terrain vague. Nous n’allions pas à l’hôtel. Je ne serais vouée ni au luxe ni au confort. Soudain derrière une haie je vis apparaître une roulotte. Bezons en avait la clef. Je sus par la suite que des ouvriers du bâtiment s’y réfugiaient lors des pluies ou pour leur déjeuner. Il y avait une forte odeur de pourriture voire de sueur. Au coin se ...