Top Model (1)
Datte: 26/02/2018,
Catégories:
Transexuels
1- — c’est n’importe quoi ! chuchoté-je à mon voisin de classe. Oui, vraiment n’importe quoi. Faire de la couture en cours d’arts plastique. Et après, on fait des colliers de perles ? J’étais en cinquième et notre prof d’arts plastiques jugea bon de nous initier à l’art de l’aiguille et du point de croix. — Ça vous servira un jour, avait-elle dit en donnant l’exemple de son fils. Elle nous donna un carré de tissu, des fils, des aiguilles, un dé et une paire de ciseaux. But de l’exercice : fabriquer et décorer sa trousse à crayons. Lorsque je racontai ça à ma mère, elle applaudit des deux mains. Mais souvent, il faut peu de chose pour faire naitre une vocation. Une rencontre, un reportage à la télé, un cours d’arts plastiques. Dessiner puis monter cette trousse fut une révélation pour moi. Dès lors, je commençai à m’intéresser de plus près à la couture et pour mon anniversaire, je demandai un abonnement à un magazine spécialisé. Autant dire que mes premières créations furent ... catastrophiques. Mais je ne me résignai pas pour autant. Puis je commençai à dessiner mes propres modèles, espérant qu’un jour ils deviendraient réalité. Tout en gardant ma passion pour moi. il était bien sûr hors de question que mes copains soient au courant. J’orientai donc mon cursus scolaire vers les métiers de la confection. Au grand dam de mon père qui aurait préféré un métier plus ... viril. Maman ne disait pas grand-chose sur mes choix. C’étaient les miens et pour elle, si je me plantais, je ...
... ne pourrai que me blâmer moi-même. On pouvait penser à une certaine forme de fuite des responsabilités mais cela ne l’empêchait pas de m’aider, me conseiller. A la sortie de mon école, j’obtins un poste de couturier chez MDC, Max Duchamps Création. Certes, le poste n’était pas des plus glorieux et assez mal payé mais j’avais un pied dans le monde de la haute couture. Il ne m’en fallait pas plus pour débuter. Je m’étais dit qu’en plaçant mes pions intelligemment, je pouvais gravir les échelons et proposer mes propres créations. Sauf que les pions furent joués à ma place... Ma vie se rythmait entre l’atelier de couture et mon appartement dans le quinzième. Un grand appartement avec quatre chambres que je partageais avec Nicolas, Marion et Léa. On avait tous et toutes à peu près le même âge, entre vingt-cinq et trente ans. Nicolas était ingénieur informaticien. Sa passion : les salles de musculation qu’il pratiquait un peu trop à mon gout. Il était bien taillé en V, avec de larges épaules. Rien à voir avec moi, gaulé comme un chips. Mais surtout, Nicolas était gay et ne s’en cachait pas. Marion, la plus âges de nous tous, employée de banque, était brune, pas très grande mais à forte poitrine. Contrairement à Léa, blonde et professeur des écoles. Dès le départ, nous avions édicté des règles strictes et tout le monde s’y pliait. La colocation de passait à merveille. On avait nos chambres pour notre intimité et un grand salon-cuisine où l’on se retrouvait parfois. Chacun vivait sa ...