La Croix
Datte: 22/04/2018,
Catégories:
fh,
amour,
volupté,
... nécessité technique, comme par exemple un faux grain de beauté… parfaitement crédible, à condition de ne pas mettre son nez dessus. De même, Anne portait presque toujours des gants… Pour m’empêcher de reconnaître les mains de Lucile ? J’essayai de superposer les deux visages… Était-ce plus insensé que cette incroyable transformation du juge en travesti dans le film "Talons aiguilles" ? Certainement pas, mais quel talent il fallait ! Du talent, Lucile en avait, ce n’est pas cela qui lui manquait. Elle m’avait dit faire du théâtre… Elle devait connaître des tas de trucs de maquillage. Et puis son côté joueur était parfaitement compatible avec cette situation. Mais ces deux personnages, Anne et Lucile, à la fac je les avais vus plusieurs fois dans la même journée ! non, décidément, je délirais. Et pourtant… Je savais que Lucile n’habitait pas très loin… Combien de temps lui fallait-il pour rentrer, changer de personnage et revenir ? Deux heures ? Moins que ça. En une heure, c’était parfaitement jouable. De toute façon, il n’y avait pas besoin d’être ultrarapide : Anne le matin, Lucile l’après-midi, Lucile le matin, Anne l’après midi… Sur le plan des études, comment pouvait-elle faire ? Après tout, rien ne disait qu’elle était inscrite sous deux noms différents. Elle s’appelait peut-être Anne-Lucile Delacroix. Elle n’avait qu’à indiquer à son entourage un nom usuel selon le personnage qu’elle jouait, et sur le papier, rien ne changeait. Et puis ça collait parfaitement avec toute ...
... cette organisation digne des meilleures nuits de noces : pas question d’aller chez elle, il pouvait y avoir des traces de l’existence d’Anne que j’aurais pu reconnaître… Sa fameuse colocataire était peut-être complice… Cela expliquait aussi le léger embarras que j’avais perçu lorsqu’elle m’expliquait tout ce qu’elle avait prévu pour ce fameux vendredi. Je repensais également à notre première rencontre. Elle était venue délibérément à ma rencontre… Évidemment, elle me connaissait déjà puisqu’elle était Anne ! Plus que tout, il y avait cette irrésistible attirance pour deux filles très différentes… J’étais tout simplement tombé amoureux de la même, ce qui, d’une certaine façon, était plus logique. Logique ? Qu’y avait-il de logique dans tout ça ? Et notre amour, que devenait-il dans cette comédie ? Devais-je considérer comme une bonne nouvelle le fait qu’elle se découvre enfin ? Ou, au contraire… comment interpréter ça ? J’étais agité de sentiments contradictoires. Je me repassais le fil de ces dernières semaines à la lueur de cette révélation. Lucile m’avait plus d’une fois épaté par ses connaissances pointues en philo : rien d’étonnant puisque Anne était étudiante en philo. Anne parlait peu, d’une voix basse : bien sûr, elle devait se méfier de ce qu’il y a de plus difficile à modifier : le timbre de la voix. J’essayai de me remémorer la voix d’Anne pendant son exposé sur Bergson… En fait, la manière de parler était tellement différente que, même après coup, je ne distinguais ...