Où sont passés les poivrons jaunes ?
Datte: 19/06/2017,
Catégories:
caférestau,
nonéro,
amiamour,
consoler,
... t’ai sorti ça, d’un coup. Si j’avais pu ravaler mes mots…— Mais… tu y pensais souvent ?— Depuis quelques temps, oui. Tu vois, je suis franc. J’y pensais même souvent.— Et comment tu expliques ça ? Une attirance passagère ?— Non, je ne pense pas. En… t’embrassant, l’autre soir, j’ai compris que j’étais dans l’erreur.— D’accord. Et les moelleux au chocolat sont arrivés. Je les ai regardés d’un air vide. — D’accord, n’ai-je pas pu m’empêcher de répéter (pas question de lâcher le morceau !). Mais maintenant… tu ressens quoi ? Fabrice a mordu dans son gâteau, du chocolat a dégouliné sur son menton. Tout en mastiquant, il m’a toisée franchement. Et, la bouche pleine : — Tu sais Hélène, toi et moi on est proche, très proche. Je te mentirais en affirmant que les hommes ne pensent pas à ce genre de choses avec leurs amies filles. Bah alors là, je tombais de haut. Sonnée, je l’ai considéré avec incrédulité. — Qu’est-ce que tu entends par-là ? Tu… tu ne crois pas à la véritable amitié entre un homme et une femme ? ai-je demandé, stupéfaite.— Eh bien… non.— Mais… mais enfin, et Valérie, et Louise ? Tu as déjà pensé à ce genre de trucs avec elles ? À les… embrasser, ou…— Hummm, non, jamais, a-t-il assené tranquillement en finissant son moelleux. J’étais sur le cul, comme on dit. Pour me donner une contenance, j’ai pris mon verre d’eau d’une main tremblante, et ai bu deux gorgées qui m’ont parues acides. Je me suis étouffée dedans, l’eau a giclé sur mon visage et de la morve est sortie de ...
... mon nez, bref, j’offrais un spectacle sexy et glamour magique. Je me suis précipitamment essuyée avec un Kleenex sorti de mon sac. Fabrice vidait son verre de vin en lisant le menu des cocktails. En galant homme, il faisait semblant de ne pas remarquer mes catastrophes. — Si tu n’as jamais pensé… à faire des… enfin, tu sais bien. Avec Valérie ou Louise ou… c’est bien que tu crois en l’amitié avec elles, non ? ai-je objecté, reprenant mes esprits.— Hum oui, mais on n’est pas proche comme toi et moi. Ce sont des copines. J’sais pas si on peut parler d’amitié, dans ces cas-là. Et il me sortait tout ça avec un détachement admirable. Toujours sans me regarder. Oui, j’étais époustouflée par son calme – apparent peut-être – alors que j’étais en train de couler à nouveau. L’abominable mal de bide me reprenait. J’ai repoussé mon moelleux au chocolat, puis respiré à fond avant de lancer : — Écoute, je ne sais pas du tout où tu veux en venir. Tu es en train de me dire qu’entre toi et moi… il n’y a pas d’amitié ? Parce qu’on est proche ? Tu veux dire quoi… trop proche ? C’est pas paradoxal, ça ? Je sais pas, moi, on est marié, j’ai des enfants, vous essayez d’en avoir avec Géraldine… ça va où, là ? Je ne te suis pas.— Peut-être qu’on est trop proche pour que ça continue à rouler proprement entre nous, ouais, a-t-il rétorqué. Le souffle coupé, j’ai pris sa main et l’ai tirée à moi pour le forcer à me regarder : — Tu veux qu’on… tu ne veux plus… ai-je haleté, et l’incohérence de mes propos ...