1. Au coeur de l'espoir


    Datte: 31/05/2018, Catégories: fh, amour, Voyeur / Exhib / Nudisme massage, mélo, amourpass, Lesbienne

    ... D’accord, c’est son banc, celui qu’il occupe régulièrement depuis des années peut-être, et qu’il a possiblement défendu à la force de ses poings. — Bonsoir, Monsieur, dis-je en lui souriant.— Vous avez dit « Monsieur » ? Personne ne m’a appelé comme ça depuis longtemps.— Vous voulez que vous appelle comment, alors ?— On ne m’appelle pas. Personne ne m’adresse la parole, sinon pour m’injurier. Ici, on est dans les beaux quartiers, et ma présence dérange. La misère, ça fait désordre. Arrêtez de me sourire comme ça : vous allez me faire pleurer. J’ai plus l’habitude, et j’ai pas envie de ressembler à un gosse. La vie a été salope avec moi, mais on est nombreux dans ce cas.— Vous voulez me raconter comment vous en êtes arrivé là ?— Non. Ça fait longtemps que j’ai cessé d’emmerder les gens avec mes histoires qui n’intéressent personne.— Comme vous voulez. Il a la voix éraillée de quelqu’un qui a trop fumé, trop crié ou trop pleuré ; peut-être même les trois en même temps. Nous observons un temps de silence, pendant lequel nous regardons ensemble le fleuve s’écouler. — Bon, dit-il, je vous raconte ma trajectoire si vous me racontez la vôtre. J’ai l’impression qu’elle n’est pas simple, je me trompe ?— Bof ! En fait si, il n’y a rien d’original. J’ai rencontré une fille, une sorte de junkie du speed ou quelque chose d’avoisinant, même si elle a de la thune. Comme je fais pas les conneries à moitié, je suis tombée amoureuse, grave, à fond la caisse, et maintenant elle est à ...
    ... l’hosto, sans doute parce qu’elle en a trop consommé, de ses putains de cachets. Si ça se trouve, elle a déjà crevé, le cerveau siphonné par sa dope, et elle m’attend dans le tiroir, c’est-à-dire à la morgue. Si c’est ça, je me fous en l’air dans la Seine. Comme je sais pas nager, ça ira vite. Eh oui, vous voyez, en plus vous causez à une gouine. J’ai jamais baisé avec un mec, et au cas où vous seriez tenté de m’approcher, le vous le dis tout de suite : ça ne m’intéresse pas. Si vous me touchez, je me barre, et après vous irez vous faire enculer si vous voulez parler à quelqu’un. La coprolalie n’est pas ma spécialité, mais là, c’est sorti tout seul. Il s’allume une nouvelle cigarette et m’en propose une que je refuse. — Ça fait longtemps que je ne regarde plus les femmes que de loin. La mienne m’a quitté il y a deux ans. Merde, bientôt trois, même. Je l’aimais trop, j’ai pas supporté. J’avais un bon job, intéressant et bien payé, mais j’ai cessé de venir bosser. Je n’avais plus le goût à rien. J’ai perdu aussi mon appart et ma caisse. Tout. Maintenant je suis à la rue. Même les foyers d’hébergement d’urgence, je supporte plus : les travailleurs sociaux sont gentils, mais il faut être poli, respecter leur règlement et toutes leurs conneries… Très peu pour moi. Je préfère dormir dehors. Ici, je suis tranquille ; j’ai mes clopes et mon pétrole. Faites pas le 115, sinon je me barre en courant, et j’aime pas courir. Je suis trop fatigué pour ça. Vous qui me voyez, vous m’auriez donné ...
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