La Sauvageonne Kanouri
Datte: 21/07/2017,
Catégories:
fh,
Oral
pénétratio,
amourcach,
prememois,
Cette année-là, Martin Luther King recevait le prix Nobel de la Paix et Hamani Diori présidait encore la République du Niger, nouvellement indépendante depuis presque quatre ans, mais ceci ne m’importait pas plus que cela. D’ailleurs, je ne connaissais aucun de ces deux types et, à ce moment-là, j’aurais pu jurer en toute bonne foi n’en avoir jamais entendu parler. De nos jours, pas un de mes jeunes compatriotes ne peut imaginer dans quel dénuement nous vivions alors. Quant aux occidentaux, n’y pensons même pas, ils ne pourront jamais concevoir comment était la vie dans ces régions paumées d’Afrique, presque totalement isolées du monde. Nous n’avions rien, pas de poste et télégraphe, pas de téléphone, pas de journaux et à plus forte raison pas de TV. Erreur ! Le chef du village possédait une radio mais celle-ci ne fonctionnait que très rarement car les piles étaient chères et ne duraient pas longtemps. Au demeurant, l’écoute était exclusivement réservée aux hommes quand ils se réunissaient le soir sous l’arbre à palabres. Pour autant, la vie n’était pas triste. Nous avions nos joies et nos peines autant que d’autres mieux nanties. Dans ce temps-là, j’étais une jeune fille qu’on disait alerte et j’habitais chez mes parents, une case nichée au beau milieu d’un village, perdu dans la partie nord-ouest du bassin sédimentaire du lac Tchad. Lequel village était distant de trois heures à pied de Nguigmi, une grosse bourgade où j’accompagnais parfois ma mère pour vendre des produits ...
... au marché. Nguigmi est une agglomération sise aux confins du désert du Ténéré, c’est un nœud de trafics vers la Libye, le Tchad et le Nigeria. J’aimais m’y rendre et découvrir ces mille choses de la modernité qui m’émerveillaient. C’est à Nguigmi que je vis mes premiers blancs, ces extraterrestres bizarres autant que rares. — Zara, ma pauvre fille, lesnasaras – c’est le nom que nous donnions aux étrangers – ne sont pas comme nous, disait ma mère en m’interdisant de rejoindre les autres gamins qui s’agglutinaient en cortège quand d’aventure un Européen passait à portée. C’est également à Nguigmi qu’un commerçant haoussa me remarqua. Il est vrai que mon corps prenait des formes de nature à susciter les convoitises masculines. Les vieilles au village me prédisaient des aptitudes et naturellement on me promettait une nombreuse progéniture, comme il se doit quand on a de si belles prédispositions. — Tu es encore un peu maigrichonne, affirmaient-elles en évaluant la croupe autant que la mamelle, lesquelles n’étaient jamais assez opulentes aux yeux des matrones. Mais après le premier « vêlage » tu seras au top, concluaient-elles invariablement. Ces dames s’exprimaient à peu près dans ces termes, avec des propos dont la coloration productiviste ne faisait que refléter la préoccupation de notre petite communauté. Nous, les femmes, étions d’abord des vaches à lait. Rares étaient les hommes qui gardaient une épouse stérile. Celle-ci était le plus souvent répudiée dans l’année si l’union ...