La meute
Datte: 23/06/2018,
Catégories:
grp,
amour,
cérébral,
conte,
portrait,
... préalable, soigneusement cloué la porte. Et des coteries discourantes revendent à la meute, pour son sommeil, la paille rêche qu’elle-même a semée, germée, coupée, battue et rangée dans la grange. Eux garderont pour leur service de notables les épis mûrs et s’endormiront sur la laine épaisse des tapis. Et la meute, unanimement, applaudit. Certains soirs, après le travail fini, Alfa s’assoit derrière l’embrasure de la lucarne du grenier et regarde les hommes se battre dans la cour des porcheries. Elle sait qu’ils se déchirent pour elle, pour une parole d’elle, pour un silence d’elle, pour une jalousie ardente, pour me la prendre, la posséder et dominer à leur tour. Ils sont torse nu, pieds nus et se cognent à mains nues. Leur peau se marbre de sueur animale et leurs veines se gonflent de furies palpitantes. Leurs ongles lacèrent les chairs, leurs dents broient les os. Leur tête se transforme peu à peu en masse borborescente, tuméfiée de violet. Les femmes, en cercle, les exhortent en poussant leurs cris, les invectivent en tendant leur doigt, les excitent en agitant leurs seins, les insultent en exhibant leur cul et en grattant les poils de leur sexe. Elles lanceront en ricanant des mottes de terre pétries d’excréments au visage des vaincus. Le matin suivant, Alfa longe les rangs de vigne, plus troublante, plus échevelée et plus déshabillée par le vent des instincts que jamais. Ils retirent tous leur chapeau. Et le regard qu’elle porte sur le vainqueur de la veille signifie ...
... «aux étoiles, dans la grange aux foins, je serai là, je t’attendrai pour l’ultime combat. Lave-toi la bouche, le ventre et les mains dans l’abreuvoir, épouille-toi la queue au grésil. » Et le reste de la meute, baissant les oreilles, reprend le travail en silence. Et quand le soir arrive, elle est là, allongée dans la paille, vêtue de sa robe de guipure, déjà transparente, les cheveux savamment dénoués, la peau fraîche et parfumée. Une simple ampoule éclaire faiblement sa couche. Et il entre, il sent bon le désinfectant et l’insecticide. Il s’approche d’elle, elle lui sourit. Il se penche, il dépose un baiser sur son front, dégrafe les lacets de son corsage, caresse ses seins fermes, aspire ses tétons tendus. Puis il entrouvre un peu plus le tissu, passe la main sur ses reins, son ventre, étire ses doigts jusqu’à la lisière des premiers petits poils de son pubis soigné, roule la culotte blanche sur ses hanches, sur ses cuisses, l’extirpe des chevilles. De sa langue, il lape une sublimité sur la vulve mouillée de rosée. Il défait sa ceinture, déboutonne son pantalon et en extrait sa queue raidie du violent désir de la femelle qui s’offre à lui. Alors elle prend la tête de l’homme entre ses deux mains serrées et la sépare de son fruit brûlant. Elle le regarde dans les yeux et son sourire tendre se change en un rictus cruel. Et cela dure quelques instants, jusqu’à ce que j’entre calmement dans la grange. Il bande douloureusement mais il a aussi compris, à l’effluve de rut qui ...