1. Douze mètres sous la surface, Alain et Eve...


    Datte: 31/07/2018, Catégories: nonéro, mélo, sf,

    ... gouttes qui perlaient à son front, il pédalait comme un fou. Sur l’écran mural, filaient les lacets d’une route de montagne se perdant dans des cimes brumeuses. Au bout d’une heure environ, il a enlevé son t-shirt trempé, continuant sa séance torse nu. Je lui ai lancé un regard amusé, par-dessus mon journal, ne me gênant pas pour détailler son anatomie virile. En fait, il était plutôt bien fichu. Côté face, des pectoraux parfaitement dessinés, mis en valeur par la sueur dégoulinant sur son torse et ses abdominaux. Côté pile, moulées par son short cycliste, de belles fesses musclées, se crispant au rythme de cuisses puissantes pompant vigoureusement sur le pédalier. Un homme bien nourri, en excellente forme, s’astreignant à un exercice physique régulier. Bref, pas dégueulasse à regarder. Piotr était moins musclé que lui, plus élancé. Il avait des attaches fines, des mains douces, des mollets vigoureux… Mais Piotr était mort. Nous l’avions tué pour le dépecer, alors qu’il n’était plus que l’ombre de lui-même. Je refermai mon magazine et me levai brusquement. — Eva, ça va ? Sans répondre ni me retourner, je suis sortie du salon. J’étais en larmes, je n’allais pas bien, et non, je n’avais pas envie d’en parler, merci beaucoup. Alain dut le comprendre car il n’insista pas, me laissant m’isoler un moment. La solitude forcée est une drôle de chose. Nous n’étions plus que deux personnes au monde, mais parfois, c’était une de trop. J’avais un lieu de prédilection pour me retirer ...
    ... quand j’allais mal, une cache au cœur de l’abri pour rassembler mon courage, affronter mon passé, apprivoiser mon futur. Ou tout simplement laisser couler mes larmes, en pensant à Lui. Ce lieu quasi mystique – je suppose qu’il s’agissait du même, pour Alain – c’était la serre. ooOOoo Il n’y a pas de mot pour exprimer l’émotion qui m’a envahie, lorsque mon hôte m’a fait découvrir la serre hydroponique de Yann Keller… C’était deux jours après mon arrivée. Depuis notre premier repas, je tarabustais Alain pour qu’il m’explique l’origine mystérieuse des légumes frais dont nous semblions disposer à profusion. Un prodige, que ces tomates juteuses au bon goût de soleil, ces radis croquants, ce cresson d’un vert surnaturel – une couleur éradiquée de la surface du globe ! Face à mes questions incessantes, Alain se contentait de sourire, me glissant avec un clin d’œil : — Je t’expliquerai, Eva. Mieux, je te montrerai ! Mais tu dois d’abord reprendre des forces… Quand je fus sur le point d’exploser, il se décida enfin à me dévoiler le « Grand Secret ». Il avait intérêt, avant que je lui prouve qu’il me restait assez de vigueur pour lui éplucher le visage avec les ongles. Cependant, Alain y avait mis une condition, qu’il me communiqua alors que je bouillais d’impatience devant une porte discrète, au fond de la pièce de stockage. — Quoi… ? Tu veux me bander les yeux !— Ben oui, sinon c’est pas drôle.— Entendu ! Mais défense de me tripoter, si tu veux pas que je te colle les flics au cul ! Il ...
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