Douze mètres sous la surface, Alain et Eve...
Datte: 31/07/2018,
Catégories:
nonéro,
mélo,
sf,
... C’est normal, ne t’inquiète pas.— Je ne veux pas ! Il faut que tu restes ! Restes encore un peu, je t’en prie !— Je suis désolé, c’est impossible…— Pourquoi ?— C’est comme ça, on n’y peut rien, m’avait répondu Piotr, avec un pauvre sourire. Je suis mort, tu te rappelles pas ? Je suis restée un instant sans rien dire, assommée, la gorge serrée comme si on y avait enfoncé une pierre aux arrêtes tranchantes. — Il se fait tard… Il faut que je parte.— Tu reviendras ?— Je ne sais pas, Eva. Ça dépend surtout de toi, j’imagine.— De moi ?— Tu sais bien ce que je veux dire… À présent, Piotr n’était plus qu’une silhouette, un mince trait de plume sur le bleu de la nuit. Le moindre souffle et il disparaissait, comme le chat de Cheshire. Je n’avais plus le temps, je devais lui poser LA question. Là, tout de suite, avant qu’il ne soit trop tard ! — Piotr, qu’est-ce que je suis censée faire, maintenant ? Mais Piotr était déjà parti. Je me retrouvais seule, toute seule face à mes interrogations. Comme d’habitude. Soudain, j’ai entendu quelque chose, un écho lointain, mêlé aux gémissements du vent. Une voix, qui me disait : « Pense à toi, Eva. Refais ta vie, oublie-le ! » Ma propre voix. C’est le moment que j’ai choisi pour me réveiller. Dans un demi-sommeil, je me suis rendu compte qu’un liquide chaud et poisseux baignait mon entrejambe. J’ai soulevé le drap, inquiète. Partout, du sang maculait le lit. Mon cycle était de retour. De monstrueuses menstruations, comme si les vannes avaient soudain lâché sous la force de la crue, après six mois de sécheresse. Avec la reprise de poids, retour des règles, signe d’une fertilité qui ne servait plus à rien, maintenant. Mon stupide corps ignorait que Piotr était mort et qu’il ne porterait jamais ses enfants… À suivre…