1. Escale birmane


    Datte: 05/08/2018, Catégories: ff, inconnu, intermast, poésie, exercice, nostalgie, occasion,

    Esquisse féminine. Les rives d’un lac, les rivages en dérive… les sourires qui chavirent… Tout à l’heure, la longue chevelure brune, brillante comme le jais, le sourire étincelle, l’allure fluide et glissante d’une anguille, la belle demoiselle assise à côté de moi, son épaule appuyée toujours un peu plus au fil du voyage et les soubresauts du bateau accentuent le contact. Le langage du corps, si silencieux, un imperceptible frisson, une esquisse de tension et je me souviens, vos rêves d’étroitesse des filles de l’Asie du sud est. Vous êtes toujours là quelque part. Ici ou il y a comme une étrange distance, une sorte de pudeur du geste, une douce timidité, une retenue permanente et l’évidente connivence du large sourire jusqu’au cœur des yeux parfois, quand on se frôle du regard, on se caresse de la pointe des cils, ici. Je suis de retour des montagnes, Philippe ne m’a pas suivie, il trouvait mon escapade montagnarde trop fatigante. Il connaissait déjà un peu, alors il est parti à Nagpali sur le bord de la mer. Je le rejoindrais un peu plus tard. Escale sur le lac Inlé, pour me reposer après les longues heures de marche et l’inconfort des logements dans les montagnes, dormir à même le sol sur une simple natte et un sac de couchage laisse des traces jusqu’au creux des os. La chaleur des journées, se laver dans les rivières plutôt sommairement ont achevé de m’épuiser, je rêve, je me laisse bercer par les mouvements du bateau, je profite du contact de la peau nue de son épaule. ...
    ... Arrivée à l’hôtel, de petits bungalows sur pilotis au milieu du lac, magnifique de sérénité, l’impression que tout pourrait finir ici dans la douceur. On se bouscule à la descente du bateau, excuses de circonstances et franc sourire, direction la réception, le sempiternel remplissage de papier, passeport, les clés, enfin et la promesse d’un lit pourvu d’un matelas confortable, moelleux et d’une salle de bain. Mais comme à chaque fois, le plus de modernisme m’évoque la possibilité de prendre un café. J’en rêve depuis plus d’une semaine. Je peux me passer d’à peu prés tout des nourritures et boissons occidentales, mais je ne résiste pas à la promesse d’un expresso. Je commande ma petite douceur sans sucre, installée dans les fauteuils sur la terrasse face au lac, moment parfait, la brise rafraîchissante, les coussins de mon siège, sensation de paradis, je m’enfonce, je me cale, là face l’étendue plane et lisse, un vrai miroir, vraiment le confort a du bon parfois. Ma compagne de voyage arrive peu temps après, son parfum la précède. C’est lui qui me sort de ma rêverie aquatique pour me faire plonger instantanément dans une autre. Et là, je ne sais pas séduire, je n’y connais rien en matière de drague, je suis désemparée, j’y comprends rien à ces rouages, à ces jeux là, pas plus au féminin qu’au masculin, je sens, comme un animal, le possible, la porte ouverte, mais vraiment, je ne suis d’une timidité maladive. Pas la peur du ridicule, seulement le sentiment d’une évidence qui ne ...
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