La vie d'avant (1)
Datte: 08/09/2018,
Catégories:
Erotique,
... je ne sais pas qui il est. Ça ne me dit rien. Enfin dans mon esprit, je me dis que j’irai faire un tour par là. — La route jusqu’au pré du haut, elle est carrossable ? On peut y accéder en voiture ? — Mais tu nous crois encore à l’âge de pierre ou quoi ? On dirait que ça fait un siècle que tu es partie. — Pas loin, pas loin vous savez... le temps file si vite. — Et pas de mari ni de marmots ? Mais tu fais quoi de tes journées... Julien vient d’annoncer la couleur, sans avoir l’air d’y toucher. Je me sens ridicule à exposer ma vie, ou ce qui me sert finalement de vie, à ces gens bien ancrés dans leurs habitudes du pays. Je présume que le fossé qui nous sépare ne pourra jamais se refermer. Ils sont gentils, mais curieux et je n’ai pas de réponse à leur fournir. Comment comprendraient-ils que j’étais et que je suis restée amoureuse de cette ombre qui me bouffe la mémoire et qu’un baiser volé a fait basculer ma petite existence étriquée ? — Je peux t’accompagner dans ta balade si tu veux... Julien, tu n’y vois pas d’inconvénient ? J’aime découvrir le pays qui est le mien désormais. Moi aussi, je viens de la ville... — Je suis d’accord si ton mari le permet. Ce soir ? Je passe te prendre ? — Oui. Mais pas trop tôt ! Aujourd’hui c’est jour de relâche et j’en profite pour mettre de l’ordre dans l’appartement. — Moi je vais terminer mon nettoyage et mon tri... alors c’est parfait pour la fin de soirée ! Mais toi Julien ? Tu ne veux pas venir avec nous ? — C’est mon jour de belote, ...
... et mes amis sont déjà attendus alors... vous serez aussi très bien entre femmes ! — Bon nous ferons donc sans toi. Bon merci pour tout ! Je retourne dans mes souvenirs, chez mon père. — oooOOooo — Voilà, je suis à nouveau à fouiller partout. De la cave au grenier, j’inspecte tout, je remue de tonnes de poussière. Celle de ma jeunesse et celle plus présente du vide de cette maison qui a connu des jours meilleurs. De vieux journaux gardés pour d’obscures raisons par papa finissent leurs vies dans l’incinérateur que j’ai installé dans le jardin. La fumée me rebute un peu et elle s’intensifie à chaque brassée de paperasse qui disparaît dans les flammes. Au fil des heures, je pue autant la sueur que l’exhalaison du papier cramé. Une douche rapide à l’eau froide et me voici prête pour aller chercher la femme de Julien. Au fil de la route, je me souviens. De la ferme où nous allons, de sentiers que gamine je prenais pour y monter. Il me revient les senteurs des fougères séchées, puis au détour d’un dernier lacet, elle est là ! Les murs aux pierres apparentes, les fenêtres et le toit totalement remis à neuf, elle n’est plus celle que j’ai connue. Je reste sur la route et m’arrête à quelque distance de l’entrée. Dans la grande cour, quelques volailles, un paon aussi qui fait la roue à notre passage. Je revois, dans ma tête la vieille dame qui habitait ici, il y a des années. Il me semble qu’elle va déboucher sur le perron, comme jadis. Côté passager, Louisa n’a guère parlé durant notre ...