1. Les cornes (1)


    Datte: 10/09/2018, Catégories: Divers,

    Nous nous étions installés dans une petite banlieue bien boisée ; même si la distance avec mon lieu de travail était importante, je préférais vivre à cet endroit afin que ma femme, sans emploi, respire du bon air pur plutôt que celui pollué des grandes villes. Nous sommes un couple heureux, et étions mariés depuis peu lors de notre installation. Lors de cette cérémonie, ma famille n’avait pas trouvé mon épouse très joyeuse ; mais, la connaissant parfaitement, je savais qu’elle vivait le plus beau jour de sa vie : seules sa timidité instinctive et sa pudeur naturelle lui dictaient de ne pas dévoiler publiquement ses sentiments. J’en ai d’ailleurs eu conformation lors de notre nuit de noce : lui ayant demandé comment elle avait trouvé cette journée, sans entrer dans de grands débats elle m’avoua : « Ça va. C’était sympa et il faisait beau. » Ce qui signifiait pour elle que la journée avait été un vrai conte de fée. Ma femme est peu loquace ; c’est une qualité que j’apprécie beaucoup chez elle. Elle ne s’exprime qu’à bon escient, ce qui me permet de savoir exactement quand l’écouter. La journée, je ne l’entends que très peu, moi à des kilomètres de la maison alors que la pauvre s’ennuie forcément sans moi. Elle s’occupe comme elle peut ; les corvées ménagères sont toujours faites lorsque j’arrive le soir. Nos retrouvailles sont tout le temps une explosion de joie ! Elle m’attend sur son fauteuil, un magazine à la main, impatiente que je vienne l’embrasser amoureusement sur la ...
    ... joue. Elle feint alors un certain mécontentement, voulant me faire croire que je la dérange dans sa lecture, mais cela ne fonctionne pas avec moi car je sais qu’elle est heureuse comme tout de me voir, même si sa pudeur la freine pour me sauter au cou. Nous mangeons l’un en face de l’autre. Pas besoin de paroles : nous nous comprenons. La sachant peu à cheval sur les dates, une fois par mois je brise le silence pour lui annoncer, d’un ton détaché afin de ne pas lui montrer mon empressement, que c’est le grand soir. Elle entre à chaque fois dans mon jeu en répondant un « Ah... déjà ? » mais se dépêche tout de même d’aller dans la chambre se déshabiller, se glisser dans le lit et attendre que je vienne l’honorer dans une totale obscurité. Quelques semaines s’étaient passées depuis que nous étions arrivés dans cette charmante maison de cette ville de banlieue bien boisée. Je fis la connaissance de notre voisin qui coupait justement sa haie à hauteur de buste. Je m’étais étonné que ce fût si peu élevé ; il me répondit avec justesse, levant en même temps toute ambiguïté possible, qu’il savait que ma femme était seule à la maison durant des heures entières chaque jour de la semaine et qu’il était bien plus prudent qu’il puisse jeter un coup d’œil de temps à autre afin de vérifier que rien ne clochait. Je savais le quartier calme, mais il était certain qu’un peu plus de sécurité ne pouvait nuire à personne. Mon voisin, septuagénaire, ne put que remarquer que mon gazon était bien haut. ...
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