Le baume de l'âme (1)
Datte: 09/10/2018,
Catégories:
Divers,
... s’en est allée avec lui. Et votre maman, que faisait-elle dans la vie ? — Oh ! Elle a toujours travaillé ! Elle était couturière à domicile. Les gens lui amenaient des ourlets ou des vêtements à coudre. Elle vivait comme ça. Je me souviens… elle fredonnait toujours en cousant sur sa machine. Je crois qu’elle était, non… que nous étions heureux. Puis mes grands-parents lui ont laissé la maison et un peu d’argent. Cette saloperie de maladie l’a rattrapé avant qu’elle puisse enfin profiter d’un peu de temps libre. — Je comprends, je sais ce que vous ressentez. Je crois que c’est aussi mon pire regret. Que Yann n’ait pas pu jouir d’un peu plus de calme. Il était trop souvent à son travail. Vous êtes en vacances donc en ce moment ? — Oui ! Pour deux semaines encore. — Il vous plairait de m’accompagner demain ? Chez notre médecin, il saura nous dire si c’était possible… je veux dire si c’est possible que… — Vous voulez dire pour que mon père soit mon père ? Que votre mari quoi, soit mon père ? — En gros oui. Moi aussi j’ai maintenant besoin de savoir. Vous avez jeté un pavé dans la mare et les cercles qui se forment amènent des perturbations, des remous que je veux apaiser, pour vous et moi. — Merci ! Mais vous savez, c’est loin chez moi et faire le voyage deux jours de suite… je n’en ai guère les moyens. — Si ce n’est que cela, nous… j’ai une chambre d’amis. Et puis venez, je vais vous montrer, tous les petits bonheurs de mon mari. Allons venez. Le jeune homme s’était aussi levé. ...
... La table non desservie saurait bien attendre quelques minutes de plus. Elle le poussait vers une porte-fenêtre qui donnait sur une pelouse fraîchement tondue. Au fond contre une haie d’ifs très grands, un joli jardin potager, entouré de pierres de taille. Un bel endroit, bien aménagé. Puis, par une sorte de sentier pavé à la japonaise, qui les dirigea vers le lac et un ponton de bois. Il ne manquait plus qu’un bateau ou une barque. C’était ce qu’il s’attendait à trouver au bord de la berge. — C’est d’ici qu’il partait, très tôt le matin pour aller pêcher sur le lac. — Ah ! Il aimait donc la pêche à la ligne ? — C’était sa passion, la seconde après moi se plaisait-il à dire en plaisantant à ses amis. — Vous aimez le poisson ? Il en attrapait de temps en temps ? — Oui ! Je vous montrerai des photos ! Il les relâchait après les avoir figées sur la pellicule, ou dans son appareil numérique les dernières années. Venez, je vais vous montrer son grand bonheur. Il est là dans ce hangar. Le jeune homme était maintenant face à une petite merveille au moteur neuf. Bien au sec, le bateau de cinq ou six mètres de long ne risquait rien. Le gamin en avait plein les yeux. Marjorie voyait briller comme des reflets d’or et des paillettes dans les prunelles d’un bleu étrange. C’était d’un ton enroué qu’il s’extasiait devant l’engin. — Mon rêve ! Mon rêve inaccessible, mon Dieu comme il est beau. Vous ne l’avez pas remis à l’eau ? — Non ! Et je dois dire que pour le moment, j’évite même de venir ...