1. Perdus


    Datte: 25/10/2018, Catégories: nonéro, aventure, sf,

    ... n’entendit presque plus rien. La hauteur de la chute devait être monstrueuse. Et toujours la plus totale obscurité. L’estomac noué, tout le corps crispé, je ne parvenais plus à respirer, et je sentais mon cœur battre à toute allure. J’avais envie de hurler moi aussi, mais je n’y arrivais même pas. Des pensées de toutes sortes défilaient dans mon esprit apeuré : Alys… Dame Heline… Mazela… Alys… Tal-Mania… Kalmin… Alys… sa ville… son monde… Alys… et moi… avant… rien, un trou noir… mon amnésie… Alys… Et nous tombions toujours ! Et, enfin, un bourdonnement lointain s’éleva en dessous : le bas de l’immense cascade. Ma belle me ceintura plus fort encore et plaqua ses lèvres sur les miennes, comme pour un ultime baiser. Je lui criai de tendre et de serrer ses jambes. Le fracas de la chute d’eau montait à toute vitesse. Nous n’allions plus tarder à être fixés sur notre sort… — Aaaaaaaaahhhhhh ! Nous entrâmes profondément dans l’eau, les pieds tendus, toujours cramponnés l’un à l’autre. Une vive douleur cingla mes talons, mes orteils, mes fesses, mes coudes, toute ma tête… J’eus l’impression d’étouffer et d’être écrasé. Mais j’eus aussi envie de hurler mon bonheur lorsque je réalisai qu’il y avait suffisamment de profondeur, que nous n’étions pas morts pulvérisés sur un rocher, que nous allions peut-être nous en sortir. Mais rien n’était réglé pour autant. Nous nous étions enfoncés sans doute de plusieurs mètres dans l’eau glacée. Et l’obscurité toujours totale nous empêchait ...
    ... d’estimer où se trouvait la surface. Alys me relâcha pour nager, mais me tint encore par une main. Un fort courant, venant d’au-dessus, nous freinait, nous repoussait, même : le poids de la cascade. En quelques mouvements de brasse, sans nous lâcher complètement, nous nous éloignâmes en remontant. Mais je commençais à suffoquer et la surface… où était la surface ? Alys évoluait mieux que moi dans l’eau et me tirait vers le haut et je crevai enfin la surface, en même temps que j’entendais de nouveau le vacarme assourdissant de la chute du torrent, sur ma droite. L’air était humide, mais j’étais heureux de le sentir entrer dans mes poumons, de me savoir vivant après cette incroyable dégringolade. — Est-ce que tout va bien ? Mes cris peinaient à couvrir le grondement incessant. — Oui ! Mais qu’est-ce que j’ai eu peur…— Nous sommes entiers, c’est l’essentiel. J’attirai ma naïade contre moi et l’embrassai à pleine bouche tandis que nous nous dérivions, nous éloignant encore quelque peu de la cascade géante. Mais Alys se débattit soudain et se libéra de mon étreinte en gesticulant et en hurlant. — Aaaah ! Johan ! Il y a quelque chose, là !— Hein ? De quoi ? Calme-toi ! Qu’y a-t-il ? Elle me repoussa en direction de la chute d’eau. — Il y a quelque chose qui flotte, juste là !— Ce n’était pas un rocher ?— Non ! Non ! J’en suis sûre ! Nous étions toujours dans le noir le plus complet. — Aaah !— Qu’y a-t-il ? C’était moi qui avais hurlé à mon tour. — Je ne sais pas… c’est… on dirait… Je ...
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