1. Le vallon


    Datte: 17/11/2018, Catégories: amour, nonéro,

    ... comprit encore la nature de ses sentiments, elle se trouvait suffisamment bouleversée pour ne plus chercher à les deviner. Dans son impatience à le quitter, soudain, elle trébucha et roula le long de la pente. Niels se précipita à toutes jambes, le visage tiré à l’extrême par l’angoisse qu’elle ne fut blessée. Arrivé au pied du coteau, il saisit Isolde dans ses bras. Fort heureusement, rien n’indiquait qu’elle n’eut subit un réel dommage, à son soulagement. Seule son agitation pouvait alarmer Niels. — Isolde, dit Niels inquiet, comment êtes-vous ? Souffrez-vous ? Isolde, sans lui répondre, le repoussa violemment en lui jetant un regard terrible. Niels demeura sous le choc de ce regard, et Isolde profita de ce moment d’égarement pour se relever et pour compléter sa fuite. Ainsi Niels laissa la colombe déployer ses ailes, ainsi il la voyait s’envoler avec des idées hostiles sur sa personne. Cela lui fit grand mal. Et Niels lâcha un profond soupir. Il jugea plus tard, dans le silence de sa chambre, qu’il venait de faire une perte considérable. Car la personne qui venait de le quitter si froidement avait laissé derrière elle un abîme dans son coeur. Niels revint le lendemain et les jours suivants, sans retrouver Isolde. Quelquefois il s’asseyait longuement au pied du chêne, et se retournait sans raison aucune. L’espoir de revoir son joli minois, lisant par dessus son épaule, disparut en même temps que ses rêves de gloire. Il continua d’écrire pourtant, mais sans ambition cette ...
    ... fois, sans plaisir même. Un mois passa, puis un second, puis un troisième, sans trace de la « Petite Fleur », ainsi qu’il l’appelait dans ses poèmes. Puis un jour, il en eut assez et ne revint plus. Il avait abandonné toute idée de la revoir. Il reprocha même à ses pensées de lui avoir donner un si grand empire. — Après tout, se disait-il, je ne l’ai vu que deux fois. C’est bien peu pour tomber amoureux… Il décida de l’oublier mais sans y parvenir. Il réussit malgré tout à publier son recueil un an plus tard. Heureux succès ! Son recueil fit grand bruit. C’était juste, car Niels sans avoir le génie des plus grands poètes en avait du moins l’extrême pauvreté. L’argent que lui apporta son livre lui permit de vivre honorablement, et d’être considéré comme un véritable homme de lettres. Ce qu’il était à présent. Bien sûr, il subissait la critique. On s’en donnait à coeur joie pour rabaisser son talent, les lauriers acquis inspiraient la jalousie. Mais Niels n’en avait cure, il acceptait la critique, et parfois même l’approuvait. Il avait foulé son orgueil et n’avait plus cet amour-propre auquel il attribuait son plus grand malheur. Cependant, le succès ne lui apporta pas le bonheur escompté : son coeur vide lui sonnait comme un cri d’alarme. Un jour, dégoûté plus que de coutume et fatigué des mondanités, il s’éclipsa des salons où on l’adulait. Ses pas, malgré lui, le guidèrent vers le vieil arbre qu’il n’avait plus revu depuis plus d’un an. Sur la plaine verdoyante, il promena son ...
«12...6789»