1. Les heures perdues (1)


    Datte: 18/11/2018, Catégories: Divers,

    ... et surtout, surtout, ne pas ouvrir les yeux. Bien trop peur de sortir de cette torpeur qui me donne des frissons. J’exulte pour de bon et mon ventre se creuse. Mon Dieu ! C’est trop bien. Cet espace où je ne suis ni éveillée ni endormie. Entre chien et loup et l’impression qu’une vraie patte me caresse. Qu’elle passe et repasse sur mes fesses, sur la naissance de mon dos. Puis il y a ce souffle, celui qui me court sur la nuque, sur la joue, sur le front. Comme c’est beau ce foutu rêve et mon envie qui me noue les tripes. J’en écarte insensiblement les cuisses et je veux y plonger ma propre main. J’ai besoin d’encore me toucher. Cette main qui pour le moment reste calée sur mon oreiller, qui le maintient de toutes mes forces alors que les caresses sont d’une incroyable précision. Et je me raccroche aux draps, les froisse, raclant mes ongles sur le satin de ces derniers. Puis un pont se fait jour dans mon esprit. Je ne suis pas autrement faite que les autres femmes ! Donc je ne peux avoir que deux mains, une sur le lit qui s’y accroche et l’autre qui serre si fort le coussin où je repose ma tête… et je sens que quelque chose ne va pas. Je ne veux pas crier, seulement me rendre compte de ce qui se passe. Je lance mes doigts qui quittent la literie et je vais à la rencontre de… l’intruse. Elle est là ! Chaude, douce, étrangère. Mais les lèvres qui me courent sur la peau sont tellement… divines. Je sombre une fois encore dans le délire de cet instant. Et c’est moi qui désormais ...
    ... appuie sur la patte qui me chatouille le bas du dos. Je l’aime, je l’adore et peu importe à qui elle est. J’en ai une vague idée… — oooOOooo — J’ai froid ! Mes dents jouent des castagnettes alors que je déambule dans la ville sans but. Les éclairs accompagnent le tonnerre et sont si rapprochés que j’ai l’impression qu’ils me poursuivent, où que j’aille. Les derniers passants qui trottent encore dans les rues ont tous des parapluies ou des cirés. Je suis nulle ! Me mettre dans des états pareils juste pour cette rencontre. Je m’abrite comme je peux sous un arrêt de bus. Et malgré l’été, je gèle, il faut dire que je ne suis pas vêtue pour me promener. Une autre femme est là ! Elle attend le car ou se protège aussi de la flotte ? Une petite dame qui me sourit, mais je me sens si mal que pour lui répondre, c’est un véritable effort. Mon visage… je dois ressembler à un épouvantail évadé de son champ. Je baisse la tête et le triste spectacle que je dois offrir semble pitoyable. Qu’est-ce qu’il fichait là ? Mes tripes remuent ! Mon Dieu… je me surprends à rêver. Et si c’était… pour moi, ce retour ! Quelles raisons l’auraient poussé à revenir dans notre bourg ? Pas celle de revoir mes parents bien entendu ! Ceux-ci sont partis… un banal accident sur un passage clouté et la vie s’est arrêté pour eux deux. Mais lui n’était pas même aux obsèques, alors… j’ai toujours pensé qu’il ne l’avait pas su. Je n’avais et n’ai toujours pas son adresse. Et pas son nom de famille non plus, sinon… il y ...
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