1. Le temps des aveux


    Datte: 07/08/2017, Catégories: jeunes, couleurs, école, amour, init, exercice, confession, mélo,

    ... nouveau choc. Et de taille ! Alors, que signifiait cette comédie qu’elle m’a jouée en feignant de le découvrir ? — Mais… comment ? Pourquoi ne m’as-tu rien dit ? Elle baisse la tête. — Tu as eu l’imprudence d’écrire « comme un retour au pays natal » en évoquant le poème et d’ajouter que ce serait énigmatique pour moi. Or, il n’y a que toi, dans mon entourage qui aies des racines étrangères. D’ailleurs, quand j’ai évoqué le fait que c’était peut-être toi l’auteur, tu as détourné la conversation. Mais je ne voulais pas t’en parler, parce que je n’étais pas complètement sûre… et je m’entendais si bien avec toi. J’avais peur que tout cela disparaisse si je me trompais. Et que tu m’en veuilles d’avoir pu croire que tu étais… enfin… croire que tu étais… comme ça. Tu vois ce que je veux dire ? L’art de l’ellipse. Ou « de la façon d’éviter de prononcer les mots tabous ! ». Ses yeux me fixent de nouveau. Mais cette fois, une lueur de malice semble y briller. Elle reprend : — Et puis, en général, les auteurs de ce genre de lettre finissent par se déclarer, non ?… quand ils s’aperçoivent que la personne concernée ne les reconnaît pas. Or ça fait trois mois déjà que j’ai reçu ce courrier anonyme. J’ai donc pensé que celui ou celle qui me l’avait envoyé ne ressentait pas le besoin de se manifester, parce que, peut-être, il ou elle était assez proche de moi… comme toi, pour s’en contenter. Et puis je te connais bien maintenant : je sais, par exemple que tu aimes la littérature, que tu ...
    ... aimes la poésie, que tu aimes Baudelaire… et je sais aussi que tu écris bien. Un et un, ça fait quand même deux, non ? Même quand ça va à l’encontre de la nature. C’est à mon tour de sourire… Mais c’est un sourire aussi crispé que celui d’un condamné à qui on apprend que sa grâce vient de lui être refusée. Quelle belle démonstration ! — Tu vois que tu es merveilleuse. Psychologue et observatrice, fais-je sur un ton grinçant. Elle se renfrogne… C’est extraordinaire la façon dont elle semble confondre les compliments et les insultes. Contaminée ? Non, conditionnée par le mépris du père qui représente l’argument d’autorité par excellence… Qui peut contredire dieu s’il dit qu’elle est « nulle, moins que rien, une merde » ? Je poursuis quand même : — N’empêche, c’est indigne ce que tu as fait. Avoir feint de découvrir cette vérité, tout à l’heure, et entrer dans cette colère haineuse contre moi… ce n’était vraiment pas juste… Elle me coupe : — Ah ! Ça non ! Je n’ai rien feint. Quand j’ai vu le livre de Baudelaire sur le bureau et que j’ai lu tes annotations, ça m’a frappée comme une révélation. J’ai été bouleversée… et j’ai vraiment pété les plombs. Mais encore une fois, Axel, ce n’était pas contre toi… c’était contre moi, contre mon aveuglement. Je veux vraiment que tu saches que je ne te hais point. Qu’est-ce qu’elle me joue, là ? Le Cid ? Est-ce une litote ? — Mais toute cette colère, je l’ai retournée contre toi. C’est vrai, tu as raison, j’ai été profondément injuste avec toi. Je ...