1. L'autre


    Datte: 28/11/2018, Catégories: fh, frousses, extracon, cocus, cérébral, revede, Oral init, ecriv_f,

    ... épluché les carnets mondains de tous les journaux qui lui tombaient sous la main. Si Gwenn donnait un enfant à Jean-Claude ? Elle traquait les Mounier dans les colonnes. S’il ne reconnaissait pas l’enfant, c’était sans importance. Mais si… Elle ne trouva jamais d’autre Mounier. Elle était la seule, dans les environs de Reims, à avoir perpétué ce nom. Maintenant elle contemple l’enfant de Gwenn. Dans les bras d’une Gwenn aussi maigre que dans son souvenir. Et l’homme qui passe un bras protecteur sur son épaule n’est pas Jean-Claude. Il ne lui ressemble même pas. Sans trop réfléchir, elle ouvre l’enveloppe. D’une écriture petite et serrée, Gwenn raconte sa vie en Australie. Deux ans. Un mariage « je t’ai rattrapé vite, n’est-ce pas ? », l’installation dans le bush « toi qui n’aimes pas la chaleur, ne viens pas me rendre visite ». La naissance de Gordon. Béatrice, sonnée, replie machinalement la lettre, glisse la photo dans l’enveloppe et remet le tout dans le carton. En prenant sa douche, elle n’a qu’une pensée, vide. « Comment peut-on appeler un enfant Gordon ? ». Elle s’assied sur le lit, en peignoir. « Ça aussi, c’est à faire », pense-t-elle. Elle se sent désorientée. Elle est d’habitude d’une énergie à toute épreuve, mais là, la simple idée de se lever la fatigue. Elle essaie de lister mentalement ce qu’il faut finir ce soir. Elle s’y perd. Elle finit par abandonner et sombre dans contemplation du papier peint. Jean-Claude la retrouve ainsi. — Pas trop fatiguée, ma puce ...
    ... ? demande-t-il en l’embrassant. Elle ne répond pas. La joue râpeuse l’irrite. Il s’est coupé en se rasant, une mince balafre orne son cou. — Je vais faire à dîner, comme ça tu auras le temps de te préparer.— C’est juste la barquette à réchauffer au micro-ondes. Je vais y aller.— Laisse. Tu as besoin d’une pause, de temps en temps. Elle le regarde s’éloigner. La ceinture de son pantalon est trop basse. Il a grossi. Elle reste un moment, rassemblant ses forces. Il faut qu’elle se maquille, qu’elle s’habille. Elle s’abîme dans la contemplation du miroir. Le micro-ondes sonne avant qu’elle ait même esquissé un geste. Elle descend en peignoir, la tête enturbannée dans une serviette. Jean-Claude a mis la table, présenté joliment le bœuf mode dans les assiettes. Il a été cueillir un peu de persil pour agrémenter le plat. — Je suis allé vérifier qu’il ne traînait plus rien dans le jardin tant qu’on y voit un peu. J’ai retrouvé le boomerang. Puis il ajoute, alors qu’elle s’assied : — Tu devrais rester plus souvent comme ça. Tu es à croquer. Elle a un pauvre sourire. Ils débarrassent, font le point sur ce qu’il reste à faire. Terminer de ramasser le linge sale, finir de vider la penderie, et bien sûr inspecter le dessous des meubles. Béatrice à l’air si absente que son mari propose de tout faire. — Tu en as assez fait. Repose-toi un peu.— C’est gentil. Jean-Claude est éberlué. Jamais sa femme ne l’aurait laissé toucher à ses vêtements. Tout en ôtant les draps des lits des enfants, il ...
«12...567...11»