L'Hirondelle qui fait le printemps...
Datte: 08/08/2017,
Catégories:
fh,
inconnu,
jardin,
collection,
amour,
volupté,
cérébral,
revede,
Voyeur / Exhib / Nudisme
BDSM / Fétichisme
Oral
init,
... la suivant quelques jours avant. Un trajet qui me paraît soudain long, ennuyeux. À la descente du train, au milieu de la jungle des immeubles, je traverse l’avenue, plus calme en pleine journée, je franchis le parc toujours animé de landaus et d’enfants, de ses canards et poules d’eau qui pillent et clapotent dans l’étang. Les glycines et les vignes vierges de sa rue commencent à montrer quelques délicats bourgeons vert-tendre. Le petit portail de fer forgé au blanc délavé grince lorsque je le pousse et mes pieds doivent faire attention aux marches de guingois qui mènent à la porte d’entrée. Je sonne, tambourine et attends. À travers la vitre dépolie, derrière les rigides barreaux d’acier, sa silhouette se découpe enfin en ombre chinoise. À cette vue, mon cœur cesse de battre. Elle entrouvre la porte et ne semble pas être surprise de me trouver là, devant elle. Elle ne me fait pas entrer. Son regard est embrumé, comme celui d’une femme qui n’a pas dormi. Sans me laisser le temps de parler, elle m’explique qu’elle a travaillé tard, qu’une commande impromptue vient de lui échoir et qu’elle a dû interrompre ses vacances. Alors, fini les voyages à Paris, les journées passées à flemmarder sur le banc vert bouteille du square de son enfance, un livre à la main. Elle doit retourner au travail. Elle s’est remise dans le bain de sa vie quotidienne, dans son train-train de dessinatrice-graphiste. Une vie qu’elle veut la plus organisée possible et uniquement consacrée au travail, aux ...
... dessins, seulement illuminé par ses souvenirs de vacances. Sans que je puisse parler, elle débite ses paroles tout en souriant, tout en restant à l’abri de l’entrebâillement de sa porte contre laquelle elle appuie sa joue. Alors qu’elle se tait enfin, alors que je vais ouvrir la bouche pour parler à mon tour, elle me met un doigt fin et tavelé de couleurs pastels, sur la bouche, en se penchant légèrement vers moi, et sans me quitter des yeux, en restant bien accrochée au chambranle comme à une bouée, elle me dépose rapidement un baiser, un peu sur la joue, un peu sur la commissure de ma bouche et immédiatement après, se recule en disant : — Salut ! Au printemps prochain… Les hirondelles sont fidèles à leurs nids et à leur mâle… Et la porte se referme. Je reste stupidement encore quelques minutes, debout, devant la porte palière, qu’elle vient de me fermer au nez. Je suis dérouté par ce brusque congé et cette vague promesse de revoyure, au printemps prochain. C’est que c’est si loin, le printemps prochain… Alors, penaud, je rentre vers Paris, d’une démarche lourde et traînante, mes épaules voûtées. Que vais-je faire de mes journées sans l’Hirondelle à observer ? Ce matin, par réflexe mais aussi par acquis de conscience et par mélancolie, je regarde par la fenêtre de mon bureau. Sur le banc vert bouteille aux assises défoncées, un couple de pigeons est perché sur le dosseret et roucoule. J’abaisse le voilage au moment où ils s’envolent, loin et haut, dans le ciel de Paris, en ...