L'Hirondelle qui fait le printemps...
Datte: 08/08/2017,
Catégories:
fh,
inconnu,
jardin,
collection,
amour,
volupté,
cérébral,
revede,
Voyeur / Exhib / Nudisme
BDSM / Fétichisme
Oral
init,
... fixe, comme si elle cherchait dans sa mémoire où elle a déjà pu me rencontrer, je la vois troublée, cherchant sa respiration, tentant de ramener le calme en elle. Je reste silencieux, un peu bête de mon « inspiration » et coupable du trouble que je viens de jeter dans l’esprit d’Eugénie. Sa voix, car au moins j’ai entendu sa voix - preuve qu’elle n’est pas muette - sa voix est fluette, légèrement aiguë. Mais je ne dois rien lui rappeler comme souvenir car après quelques secondes d’hésitations, elle se reprend : — Nous connaissons-nous? A mon tour d’être pris au piège. Bien entendu, nous ne nous connaissons pas. Et quoi, lui avouer que la veille au soir je l’ai suivi jusque chez elle pour lire son nom sur la boîte aux lettres ? Mais en même temps, oui il me semble la connaître. Pensez donc, depuis le temps qu’elle fréquente le square. Qu’à chaque printemps, elle vient s’asseoir, là sur ce banc, juste en face de mon bureau dont la fenêtre plonge très exactement en dessus. Oui, elle m’est devenue familière. Mais comment lui expliquer tout cela ! Surtout, sans la froisser ni la faire fuir, ni l’effrayer. Alors je prends mon courage à deux mains et je lui explique. Posément. Elle ne cesse de me contempler avec de grands yeux étonnés tantôt interrogateurs, qui m’incitent à continuer, tantôt dubitatifs qui m’obligent à clarifier mes paroles. Et puis je me tais, attendant, avec une certaine fébrilité, une réaction. Eugénie continue à me regarder. Voyant que le flot de mes paroles ...
... semble se tarir, elle ponctue le silence qui s’établit entre nous par : — C’est tout !— Oui… je crois bien que ce soit tout. Elle a la figure fermée, concentrée comme si elle était en train de digérer les informations que je viens de lui déverser tout à trac. Puis soudain elle part d’un immense éclat de rire. Elle rit à gorge déployée, montrant de jolies dents blanches, petites et serrées. Deux larmes perlent au coin de ses yeux. Son rire, sonore, aigu comme sa voix fait même se tourner divers passants qui croisent dans le secteur et nous jettent des regards interrogateurs ou suspects. N’a-t-on pas idée de rire ainsi dans la rue, dans un square, semblent-ils dire. Dans son hilarité, elle en fait tomber son livre, que je m’empresse de ramasser et lui remettre sur les genoux. Elle, elle se dépêche de refermer la main sur lui mais ne s’offusque pas du furtif contact de ma main sur le tissu du pan de son manteau, ni sur son genou. Et je reste coi, attendant que le souffle lui revienne après cette hilarité. Elle se calme. Ses couleurs reviennent dans des tons plus normaux, l’érubescence s’estompe, ses yeux se sèchent. D’une main ferme, elle triture le livre et hésite encore à prendre la parole. Et puis elle se lance dans une longue tirade explicative. Oui, elle aime à venir chercher le calme dans ce square parce que c’est là qu’elle a passé une grande partie de son enfance, c’est là qu’elle venait jouer et se promener avec sa mère. Elle est née à quelques maisons de là et a quitté ...