1. L'Hirondelle qui fait le printemps...


    Datte: 08/08/2017, Catégories: fh, inconnu, jardin, collection, amour, volupté, cérébral, revede, Voyeur / Exhib / Nudisme BDSM / Fétichisme Oral init,

    ... depuis longtemps le centre de Paris pour sa banlieue. Dès que son travail le lui permet, elle revient ici, chercher ses racines, respirer de cet air de jeunesse qui passe plus vite qu’elle ne le souhaiterait. Elle est dessinatrice-graphiste et indépendante. Elle s’offre le luxe de passer ses vacances, là dans ce square. C’est son seul et unique luxe. Le reste du temps, elle travaille dur pour se l’offrir. Et le calme qu’elle y trouve lui permet de se ressourcer. Voilà pourquoi elle semble si inaccessible, si concentrée dans sa lecture. En riant, elle tient à m’expliquer qu’elle n’est pas aussi sauvage qu’elle voudrait le montrer. Qu’elle est un « être civilisé » mais que oui, quand elle part dans un roman, elle voyage à l’intérieur et que rien ne peut l’en sortir. Si elle a été surprise d’entendre son prénom, c’est que rare sont les personnes qui, dans le quartier, la connaissent et encore plus rares sont celles qui ont la faculté de la reconnaître. Cela fait si longtemps qu’elle en est partie. Absorbés que nous sommes à parler les yeux dans les yeux, à quelques centimètres l’un de l’autre, nous n’avons pas vu le ciel s’assombrir, ni l’orage commencer. Seules les premières gouttes qui tombent déjà drues, nous font lever le nez. Et le temps de réaliser que nous sommes seuls, assis au milieu du square et que des trombes d’eau s’abattent sur nous, nous sommes trempés jusqu’aux os. Le livre de poche, qu’elle tente d’utiliser en guise de protection au-dessus de son ridicule ...
    ... chapeau tricoté n’est plus qu’une éponge dégoulinante et inutile. Moi, la main au-dessus de mes lunettes j’essaie de protéger mes yeux de l’eau qui ruissèle à grosses gouttières. Nous devons avoir l’air stupide, assis sous la pluie battante, au milieu du square. Alors je lui ai propose de venir se mettre à l’abri chez moi et de s’y sécher. Elle me jette un drôle de regard. Un regard où je peux lire de la défiance en même temps que j’y voie une étincelle d’amusement. En fait, cette situation qui vient pimenter le train-train de sa vie de « vacancière » et qui en chamboule l’ordonnancement, semble l’amuser. Et au lieu de me répondre ou de m’envoyer bouler, elle se lève et me tend la main. L’Hirondelle est décidément une fille pas ordinaire ! Ce geste, pourtant simple, me surprend tellement que je reste quelques dixièmes de seconde, bête, sans comprendre, avant de me décider à saisir cette main pour l’entraîner chez moi. Il n’y a que quelques pas à faire pour sortir du square, franchir le trottoir, traverser la rue, retraverser le trottoir et trouver l’abri douillet de mon hall d’entrée puis, grimper la première volée d’escalier qui conduit à mon appartement. Quelques pas, mais qui, avec le soutien de la main d’Eugénie dans la mienne, me paraissent une distance énorme, phénoménale mais aussi, trop courte. Nos vêtements nous collent à la peau. Dans le cou, sur les mains, l’eau dégouline. La traversée de la rue s’avère être un exploit et j’ai l’impression d’être transformé en Indiana ...
«12...567...16»