1. L'Hirondelle qui fait le printemps...


    Datte: 08/08/2017, Catégories: fh, inconnu, jardin, collection, amour, volupté, cérébral, revede, Voyeur / Exhib / Nudisme BDSM / Fétichisme Oral init,

    ... m’installer à ses côtés. Puis, elle tire de son cabas un gros cahier à la couverture en cuir. C’est là son album de dessins. En me le tendant, elle m’explique que comme elle l’avait promis la veille, elle veut me montrer quelques-uns uns de ses croquis et esquisses. Avec sérieux mais en le conservant encore un peu dans sa main, elle ajoute : — Surtout, vous ne vous moquez pas ! Hein ! Promis ? Je dois jurer que, bien évidemment, je ne me moquerai pas de ses dessins. Alors, je peux découvrir, au fil des pages que je feuillète, que l’Hirondelle est une artiste accomplie avec un œil sûr, infaillible à qui rien de ce qui se passe autour d’elle, dans ce square n’échappe. Au fil des pages, au fil des ans, elle m’offre là un voyage sur la vie du square à travers le temps de ces dernières années, vu de son banc, alors que je l’avais toujours imaginée perdue dans les lignes des livres de poche. Enfants jouant au ballon ou à la balançoire, le clodo du quartier qui cuve dans le coin de la poubelle et qui est mort de froid deux ans auparavant. La marchande de ballon, le gardien qui n’est plus en fonction depuis presque cinq ans. Il y a aussi des détails, infimes que je n’avais même jamais remarqué, comme la découpe de certains pétales de fleurs, les ferronneries tarabiscotées de la fontaine Wallace de l’entrée… Il y a ses esquisses rapides, sortes de silhouettes fils de fer, dessinées d’un seul et unique trait qui représentent quelques attitudes d’habitués, comme le vieil homme à la ...
    ... canne qui, chapeau mou crânement planté sur une petite tête, marche à petits pas, une cigarette toujours plantée mais jamais allumée. Ou la nounou qui promène un landau, aux roues hautes et ne peut jamais voir ses mains tant elle a une forte poitrine armaturée. Et dans un coin de page, deux ans avant notre « vraie rencontre » de la veille, Eugénie a croqué une silhouette un peu dans l’ombre, derrière la croisée de sa fenêtre, repoussant d’une main un voilage et… mais non, je ne rêve pas… c’est moi, c’est bien moi ! Elle m’avait donc vu. Elle m’avait vu, épié, observé. Et elle m’avait retenu dans mon attitude du spectateur-voyeur sachant retranscrire avec une exactitude stupéfiante, troublante, gênante, mes gestes et ma posture. Tandis que je reste le carnet à croquis ouvert sur ma silhouette de voyeur pris en flagrant délit d’espionnage, elle continue à être absorbée par son livre. Enfin, absorbé n’est plus le mot exact, puisque j’ai, à mes côtés, une fine observatrice, douée d’une phénoménale mémoire et d’un coup d’œil aussi rapide que celui des rapaces pour photographier leurs proies. L’Hirondelle, je veux dire, Eugénie, me surveille du coin de l’œil. Elle me surveille et s’amuse de cette situation. Elle sait qu’elle m’a vu l’observer et c’est elle qui m’a croqué. Aussi attend-t-elle une réaction de ma part, une remarque. Moi, je reste benêt, le carnet ouvert sur mes genoux. Je dois avoir l’air malin… A-t-elle compris mon embarras ? Voyant que je semble hésiter à apporter un ...
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