1. Sacrilège


    Datte: 31/12/2018, Catégories: ffh, fagée, inconnu, grosseins, bizarre, laid(e)s, campagne, pénétratio, fouetfesse, nonéro, fantastiqu,

    Encore un autre hiver, plongé dans mes pensées, plongé dans ma tristesse, un très long voyage aux abords du suicide. J’avais pris l’habitude de voguer vers nulle part, seul et sans but, vapeurs d’alcool, une longue errance qui lissait lentement mon désespoir. Qu’y a-t-il de pire que la mort ? Le manque d’intérêt pour tout. Et pourquoi vivre, si c’est pour dériver ainsi dans la mouvance éphémère de toute cette vacuité ? Après avoir pas mal éclusé, je prenais la voiture et je fonçais dans la nuit noire : j’étais maître du monde et prêt pour le grand saut. Un peu à la James Dean, un peu aussi comme tous ces jeunes paumés qui rêvent d’une grosse défonce. Deux, trois heures du matin, le pied sur le plancher, largement au-dessus des limites de l’alcootest et la radio à tue-tête… Mais, cette nuit-là, il avait neigé. Non pas de façon sporadique : un long déluge ininterrompu de gros flocons mastocs. J’avais pourtant pris la route, je m’étais évadé, je m’étais même risqué sur une petite route déserte, perdue quelque part dans le vide gelé de cette immensité. À deux heures de chez moi, une sortie d’autoroute, puis ensuite la montagne… Navigation au hasard, un voyage vers nulle part, ou plutôt vers n’importe où. * * * Je ne savais pas vraiment où j’étais, mais je n’avais guère l’intention d’en revenir. En tout cas, il s’agissait d’un coin que je ne connaissais pas, ou alors pas vraiment. Le grand manteau blanc, froid et uniforme, recouvrait déjà toute la vallée, encore immaculée à ...
    ... cette heure de toute souillure humaine, une vallée un peu étrange, profondément engoncée entre deux falaises abruptes. Cet hiver-là avait été particulièrement froid. Et cette neige tardive annonçait paradoxalement un réchauffement, même si, pour l’heure, un vent glacial soufflait toujours par rafales tout autour de la carlingue du véhicule. J’avançais au pas, ça patinait pas mal et les bas-côtés étaient désormais difficiles à deviner. La tempête de neige battait son plein au cœur de la nuit noire. Impossible de se diriger, impossible de se repérer. Mais je me disais qu’en avançant tout droit, je finirais bien par arriver quelque part… Et puis la voiture s’est mise à tousser, et tous ces efforts en première finirent par l’achever. Finalement, elle s’est arrêtée. Quelques actions sur le démarreur, mais impossible de repartir. Et me voici perdu dans ce froid atroce en plein cœur de ce grand désert blanc fouetté par le blizzard. La perspective de mourir gelé, celle de souffrir ainsi durant de longues heures, tout ceci ne m’enchantait guère. J’avais rêvé mort plus prompte, l’écrasement contre un platane, l’explosion au fond d’un ravin ou toute autre circonstance très expéditive, du style de celles qui ne laissent pas le temps de réfléchir. Je suis resté ainsi un long moment à écouter la radio qui déclinait peu à peu, essayant sporadiquement de raviver le moteur, mais toujours sans résultat. Le froid peu à peu m’engourdissait, tandis que les volutes d’alcool se dissipaient dans mon ...
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