1. Origami


    Datte: 31/01/2019, Catégories: hagé, ascendant, mélo, nostalgie, portrait,

    ... l’échange ? Ce serait assez une manière de mec de garder ainsi le souvenir d’une femme. Dans le genreguide Michelin du cul : à découvrir en passant, vaut la peine de s’arrêter, vaut le détour, prévoir plusieurs visites. Je sens la déception monter en moi. S’il s’agit vraiment de cela, autant mettre fin tout de suite à cette mascarade. Qu’il garde pour lui ses cotations de potache. Cela me semble pourtant trop simple. Pas de sa part. Pas aujourd’hui. Pas de cette manière. Pourquoi suis-je incapable de lui demander simplement ce qu’il veut me dire ? J’ai l’impression d’être face au Sphinx, de n’avoir droit qu’à une seule réponse. Sauf qu’en l’occurrence, ce n’est probablement pas la réponse qui est cruciale, mais la question. C’est cela qu’il attend de moi, la bonne question. Celle que je n’ose même pas me poser à moi-même. Celle qui s’impose au moment de fermer les yeux sur sa vie. Sur quel souvenir, quelle jouissance, sur le regard de quel homme souhaiterais-je fermer mes yeux à tout jamais ? Si je voulais tenir un décompte de mes hommes, selon quels critères le ferais-je ? Qu’est-ce qui rend un mec digne de figurer à mon palmarès ? Petite jouissance, grands frissons, belle endurance, tendre prévenance ? Instantanément, quelques prénoms me viennent à l’esprit, associés à un souvenir, à une image, à un petit film amoureux. Si je voulais tenir un décompte de mes hommes… Je prends une feuille de papier vierge sur le bureau de mon père, et y trace une grille semblable à la ...
    ... sienne. Étrangement, ce n’est pas mon premier homme qui s’impose en premier, mais un amant particulièrement troublant, caressant. Celui dont les mains m’avaient enveloppée dans un halo de chaleur. Dont le seul contact m’embrasait. Un homme découvert comme une évidence au cours d’une soirée où je m’étais rendue à contrecœur. Un homme que j’avais dû consommer debout, dans l’équilibre instable des corps et des sens. Une rencontre d’une violence désespérée, conclue par un orgasme à la démesure de ma rage de ne pas pouvoir le garder après les douze coups de minuit. Dans quelle case met-on ce genre d’aventure ? Aujourd’hui encore le souvenir de ses caresses me fait frissonner d’envie. Puis c’est un regard qui me revient en mémoire. Un fabuleux regard, qui me donnait envie de m’offrir complètement, de me montrer dans la plus impudique nudité. Un regard auquel je n’ai rien caché de la plus intime parcelle de mon corps. Après lui, je ne me suis plus jamais sentie aussi belle sous les yeux d’un homme. Dans quelle case, ce regard, et le sourire admiratif qui l’accompagnait lorsque je m’offrais à lui ? Soudain mon esprit s’emballe, mes rencontres, mes amours, mes désirs passagers se bousculent au portillon. À leur tête mon premier amant, vigoureusement armé de son impétueuse maladresse. En même temps que le trouble de la découverte, je sens réapparaître ma déception face à son incapacité à sublimer cet instant. Histoire d’exorciser cette émotion trop incomplète, je le couche tout en haut et à ...
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