1. Mon enfer (7)


    Datte: 07/02/2019, Catégories: Divers,

    ... hommes ont toujours une discussion très animée. La fuite en avant me semble être mon unique salut. Je saisis mon sac sous les yeux de tous, embrasse les uns et les autres puis je me faufile dans l’air frais de cette nuit. Personne n’a bougé, personne ne m’a suivi et je roule sans but, errant dans cette campagne sombre, sous les étoiles d’un ciel sans nuage. Dans la poche de mon sac alors que je recherche un mouchoir, un objet métallique vient se rappeler sa présence. Les clés qu’Alain m’a remises. Il n’en faut pas plus pour que je fasse demi-tour et fonce vers cette maison, celle qui… oui encore les souvenirs qui reviennent… mais qui irait me chercher là ? Le trajet est relativement court, la route dégagée. — oooOOooo — La masse sombre et imposante découpe ses contours sous un ciel dans lequel la lune pleine vient s’inscrire comme un clin d’œil ou un sourire. Même les yeux fermés, je retrouverais la serrure où se loge parfaitement la clé. Ma main n’a aucune hésitation et trouve sans chercher, l’interrupteur ! La lumière jaillit dans cette entrée ou tout est immobile, inchangé. J’ai la curieuse impression qu’il flotte encore partout, cette odeur de nos parfums. Des années sans doute que ces fragrances trainent dans la bâtisse. Chaque chose est à sa place, donnant une sensation que Michel et moi venons juste de sortir de cette pièce. Je retrouve le canapé, en tire le drap et je m’attends presque à le voir sortir de la salle de bain. Je vais alors revisiter celle-ci, ...
    ... lentement ! Incroyable ces images qui me remontent en mémoire, comme un flot ininterrompu, un trop-plein de bonheur perdu. D’une paume de main, je passe sur des endroits, des recoins où la présence de Michel est restée comme marquée de manière indélébile. Ici la douche à l’italienne et mon poignet, d’un geste machinal a tourné le robinet d’où l’eau jaillit. Combien de fois avons-nous fait l’amour, là ? Et mon regard passe en revue tous les coins où… et merde… mon ventre se creuse à ces évocations pourtant lointaines. Je suis rappelée à l’ordre par le bruit de la sonnette de la porte d’entrée. Qui peut bien venir ici ? Un journaliste qui m’a retrouvé ? La peur revient instantanément… et nouveau coup de sonnette ! Un voisin peut-être ? Attiré par une lumière insolite dans la maison ? Les jambes en coton je vais à la porte. Il est là, avec un sourire et de grands yeux marron clair. — Ah ! Je suis heureux que tu sois de retour… — Alain ! Mais… — Je réside tout près et j’ai aperçu la lampe allumée. Je suis content que tu sois revenue… chez toi. — Tu sais les journalistes sont comme des guêpes, après moi ! Je n’ai pas beaucoup d’endroits pour me cacher. — Si tu veux, tu peux venir passer la nuit chez moi. Je vis seul depuis mon divorce. Ici il n’y a rien, juste l’électricité, mais le frigo est vide ! Viens — Je ne sais pas… je devrais peut-être chercher un hôtel pour la nuit ! Alain s’est appuyé contre l’évier de la cuisine et sa silhouette me fait penser à une autre, et je revois comme en ...
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