1. Jeux de miroirs


    Datte: 13/02/2019, Catégories: sf, fantastiqu, merveilleu, fantastiq, merveille,

    ... sillage beaucoup trop de liens avec un charlatanisme de bas étage : spectacle de music-hall, attrape-gogo… et des connotations très suspectement spirites. Mais enfin, ayant lâché le mot, je m’emploie à défendre ma position et tente de rectifier l’image de ce qui, grâce à Charcot et quelques autres, deviendra un champ d’étude scientifique. Ma « petite demi-sœur » me seconde avec feu. Je la regarde, je l’écoute et devant mes yeux danse l’image de sa personne menue surgissant de la vague dans le plus simple appareil. Les yeux de Marie-José croisent les miens, véhiculent beaucoup d’amusement et une promesse muette qui m’ensoleille tout entier. Comme quoi, même par une nuit de tempête on peut prendre un bon coup de soleil ! Soudain un pressentiment joyeux et fort me traverse et je sais, je sens que le sort de Manuel se décide en cet instant précis. Cette certitude me procure une force nouvelle et irrésistible. Mon enthousiasme, véhémentement soutenu par Marie-José, enfonce les ultimes défenses des Brésiliens, emportent la décision. — Et si l’on tentait l’expérience tout de suite ? lance Marie-José. Aux petites heures du matin. J’ai tant à raconter que je ne sais au juste où commencer. Une partie, une petite partie des mystères qui enveloppent Guanahani vient de s’éclaircir. Des portes se sont ouvertes, dévoilant un vaste paysage, un monde nouveau, fascinant, à explorer. Quand je pense qu’en ce moment-même des hommes se battent et meurent au nom d’un drapeau, tuent pour le tracé ...
    ... d’une frontière… comme tout cela peut paraître dérisoire ! Tandis que la tempête se déchaîne, je me livre sur Manuel aux suggestions habituelles, craignant de trouver en lui l’un de ces sujets rebelles à l’hypnose que nous rencontrons quelquefois. Mais mes craintes sont infondées et Manuel réagit normalement. Avec une émotion soigneusement contenue, je lui demande alors s’il m’entend. Il répond que oui. Lourdès étouffe un cri, la mâchoire de Santos bascule vers le bas, Marie-José me plante ses ongles dans le bras. Je leur fais signe de garder le silence le plus complet et propose à Manuel de se remémorer le matin qui a précédé son accident. — Je suis sur la falaise, dit-il lentement. Il y a quelqu’un…— Qui ?— C’est un Kobold.— Qu’est-ce qu’un Kobold ?— Ils sont très laids… me répond-il comme si l’explication suffisait. Puis un instant, Manuel il parle très bas, comme s’il s’adressait à quelque invisible interlocuteur. — Ils vivent de l’autre côté et je crois ici aussi mais ils ont l’art de passer inaperçus.— Tu l’avais déjà rencontré, celui-là ? veut savoir Marie-José.— Oui. Souvent quand je vais dans les Territoires il m’attend. Il est méchant et très, très laid.— Comment est-il, Manuel ?— Il porte une longue barbe mal taillée épaisse. Ses cheveux sont longs et tellement sales qu’ils lui font comme un casque. Et il pue !— Tu connais son nom ? insiste Marie-José.— Je ne dois pas m’en souvenir.— Pourquoi ?— Bérénice a dit : à chaque fois que je reviens des Territoires, je dois ...
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