CANTON, 1949
Datte: 27/03/2019,
Catégories:
fh,
couleurs,
asie,
humilié(e),
chantage,
Voyeur / Exhib / Nudisme
init,
fsoumisah,
... frappait les coques de bois. On entendait des familles dormir. Ça sentait l’urine et le riz froid, la vase et l’encens. À l’entrée d’une cabine, Chang appela. Un homme ensommeillé passa une tête, aussitôt effrayée, et replongea dans la case. On entendit des pas et bientôt, devant Muriel, passèrent trois enfants poussés par leur mère. Chang arrêta le père et lui fourra des billets dans les poings. À la proue, trois hommes jouaient aux cartes. Ils levèrent les yeux vers Chang et se turent. Muriel le suivit dans la case. Il laissa la pièce dans l’obscurité et s’allongea aussitôt au fond de lourds coussins. Sa voix semblait reposée, débarrassée de son tranchant, comme feutrée par les tapis qui couvraient tout. — Je suis né dans cette ville sur la mer. C’est la plus grande du monde. Chez vous, chaque bâtiment est à sa place et pour toujours… ou presque… Immobilité et permanence. Moi, demain, peut-être que ce que j’ai vu ce soir ne sera plus, chaque élément aura pris place ailleurs, plus loin, là-bas… Mobilité, éternité… Demain j’aurai du mal à reprendre le chemin que nous avons suivi ce soir, mais c’est ici que je veux vivre. Tout le monde me connaît : il me suffit de suivre les gestes par lesquels on m’invite à passer. Je fais mon chemin au milieu des révérences. Vous essaieriez de passer que jamais vous ne rejoindriez la berge. Pensez, une Blanche ici ! Voulez-vous vous déshabiller, je vous prie. Vous me pardonnerez, mais je suis trop lourd pour ces gymnastiques. Muriel obéit. ...
... Jamais elle ne s’était sentie aussi loin. De chez elle, de Robert, d’elle-même, de sa propre vie. Ces instants lui semblaient ne se rattacher à rien qui compte. Elle était nue dans les ténèbres mais la moiteur du lagon continuait à la vêtir. — Approchez, lui dit-il. Il était à genoux ; elle en fit de même devant lui. Il la saisit. Elle rencontra son corps comme un esquif une montagne. Elle perçut un cri aigu et aussitôt réalisa que ce cri avait été le sien : Chang l’avait pénétrée d’un coup. Il soufflait contre elle mais le balancement de ses reins était long, d’une élasticité étonnante. Muriel, soulevée, balançait, pénétrée toujours davantage. Il avait trouvé son rythme : puissant et souple. Muriel fondit. La peau de Chang était moelleuse et rassurante, elle s’y plaqua des mains, des seins, des lèvres et trouva tout naturellement la position qui l’enlevait du contact du sol et le portait au plus profond d’elle. Si profond même que le souffle vint à lui manquer. Son cœur étreint d’une angoisse hors d’haleine lui pinçait. Elle perdit les sens. Elle reprit conscience, étendue sur le sol, comme jetée. Elle ne se souvint pas qu’il eût éjaculé. Avait-elle succombé trop tôt pour lui apporter sa satisfaction Elle se sentit pleine de honte. Elle rampa vers Chang. Il fumait, dans une pipe, une braise entêtante. Là, une mèche trempant dans l’huile faisait un halo. Elle recherche de sa verge. Avant qu’elle eût sa réponse, une main s’empara de son poignet. Il la fit mettre debout à ses ...