La nouvelle année
Datte: 30/03/2019,
Catégories:
nonéro,
portrait,
... tout à l’heure le changement qui s’était opéré en lui à partir du moment où il avait rencontré son épouse. Mathieu a trouvé également un équilibre en se mariant. Moi, j’ai réfléchi et j’en suis toujours au même point. Enfin, peut-être pas tout à fait, j’en sais rien. J’ai limé les angles, j’écoute davantage. Et toi, regarde ! Tu as de plus en plus de mal à tout tourner en dérision, comme avant. En ce moment nous parlons sérieusement. Ce que tu étais incapable de faire cinq minutes quand nous étions jeunes. Dis-moi, pourquoi es-tu parti tout à l’heure ?— Oh, pour rien ! J’ai pensé à un truc… Jacques attendit. — En fait, c’est vrai que je suis faible. Ça m’a énervé quand vous en avez parlé. Parce que c’est vrai, je suis faible.— Pourquoi dis-tu cela ? demanda Jacques— Y a des choses… Je sais que je devrais réagir, imposer mon point de vue parce que je sais que j’ai raison, mais je n’y parviens pas… Fabrice s’interrompit. Les mots avaient du mal à sortir. — Ma mère n’aime pas ma femme. Elle n’a jamais accepté mon mariage. Au début, elle ne voulait pas la voir. Et depuis que mon fils est né, c’est insupportable. Elle veut le voir quand elle en a envie et ma femme n’est pas d’accord. Moi non plus d’ailleurs. Alors c’est des chamailleries sans arrêt. Chaque fois qu’elle vient, mon épouse se tire ou alors c’est moi qui emmène mon fils à ma mère, sans ma femme. Ça fait des histoires à n’en plus finir, des reproches en continu, et ça, ça me mine. Je ne sais pas quoi faire. En fait, ...
... si. Je sais ce que je devrais faire mais je n’y parviens pas.— Et que penses-tu que tu devrais faire ? demanda Jacques.— Dire à ma mère que je ne suis plus son bébé. Que j’ai ma vie. Que j’ai choisi ma femme. Que j’ai un fils maintenant et que ce fils n’est pas, comme moi je l’étais, à sa disposition. Que c’est elle qui fout la merde. Que… Voilà ce que je devrais dire. J’ai essayé une fois, mais ça a provoqué un drame. Des pleurs. Que j’étais un mauvais fils, que je ne pensais pas à elle… En fait, après, ça a été pire qu’avant. Pourtant, je sais que j’ai raison.— Bien sûr que tu as raison. Mais ce n’est pas facile. La situation que tu évoques n’a rien de simple. Ce n’est pas de la faiblesse de ta part. Avec une mère, les liens sont compliqués. Empoisonnés. Pas toujours, mais souvent. Je le sais, j’y suis passé. Pas de la même façon que toi, mais c’est tout comme. Ta mère est mal dans sa peau et elle ne peut que faire du mal aux autres en leur transmettant son malaise. Et particulièrement à toi, son fils. Tu es sensible Fabrice. Très sensible, et elle joue là-dessus. Oh, pas consciemment bien sûr, mais le résultat est le même. Je n’ai aucun conseil à te donner, évidemment, mais dans ce cas précis, je te jure que ton comportement n’est pas un aveu de faiblesse. Dans des cas comme celui-ci, seul l’égoïsme pourrait te protéger. Seulement voilà, tu n’es pas égoïste.— Que veux-tu dire ?— Que j’ai un ami, enfin plutôt un collègue, qui a lui aussi, une mère très possessive. Ce collègue ...