Intermezzo - Première partie
Datte: 05/04/2019,
Catégories:
fh,
vacances,
mélo,
nostalgie,
regrets,
... chaud, je suis mal à l’aise. Inévitablement, je repense à notre journée, à notre balade en montagne. Tout cela aurait été si bien si nous n’avions pas fait l’amour. Je veux dire, si nous n’avionsjamais fait l’amour. Je te voudrais comme ami, et je ne sais plus -vraiment plus - comment m’y prendre. Sans doute, tout est-il gâché en ce sens, maintenant que nos corps se sont cherchés. Et pourtant, l’ami, je pourrais le conserver. Si nous en restons là, aucune amitié ne viendra s’attacher à nous, et c’est sans regrets que nous nous dirons adieu. Je ne sais pas pourquoi cette idée me dérange à ce point. Peut-être parce que je l’ai déjà fait, dans la lettre que je t’avais envoyée, il y a trois ans. Ou plutôt, que je croyais l’avoir fait. Pourquoi est-ce si difficile de te dire adieu ? Puis je pense : de toute façon, c’est toujours dur de dire adieu à quelqu’un. Surtout quand on a dû voir partir tous les gens qu’on aimait, au fur et à mesure ; comme moi. Tu n’es pas exceptionnel, Mickey Mouse. N’est-ce pas, Eva ? Qu’il n’est pas exceptionnel ! Tu es pareil au vent. Tu es un courant d’air qui s’effile entre mes doigts. Je ne te retiens pas, je ne retiens que du vide. Je tends les mains, mais tel Lucky Luke, tu t’es déjà éclipsé, sur ton blanc destrier. Il n’y a plus que ton ombre contre le soleil rouge de l’horizon. Et c’est mon cœur qui est vide, à présent. J’ai l’impression que je suis en train de m’effacer, que ma personne disparaît petit à petit de la réalité. Je ne suis plus ...
... qu’un être immatériel, fait de désirs et de regrets. Lorsque je partirai, dans quatre jours, que me restera-t-il de ce séjour passé à tes côtés ? M’écriras-tu ? Je pense que oui, mais le cœur n’y sera pas. Ma gorge se serre à cette pensée. Évidemment que le cœur n’y sera pas, puisque le cœur n’y estdéjà pas. Je me corrige donc : c’est sans regrets quetu me diras adieu. J’ouvre alors les yeux sur ton plafond où luisent les contours frangés de la lune, entre les stores. Les ombres argentées de mon chagrin. J’ai enfin compris ce qui m’empêchait de me donner totalement à toi ; et du reste, j’aurais dû m’en douter. Tu te sers autant de moi que je me sers de toi. Je suis ton dérivatif à la souffrance, tout comme tu l’es pour moi. Tu ne m’aimeras jamais. Pourquoi avoir pensé à de possibles engagements ? Tu n’en prendras jamais aucun avec moi, c’est dans ta nature. Tu ne t’es engagé à rien en me faisant l’amour, puisque je ne t’ai rien demandé. Depuis quand s’engage-t-on à quelque chose en faisant l’amour à quelqu’un ? Toi aussi tu prends ton plaisir comme tu le peux, et si je me trouve là pour le satisfaire, tant mieux pour nous. Peut-être agis-tu dans le vague espoir de te faire pardonner, mais au fond de toi, tu ne te reproches rien de spécial, tu n’as pas besoin de pardon. Tu te donnes – et me donnes – l’excuse d’avoir été jeune au moment du « méfait » ; moi aussi je l’étais, jeune, et je le suis encore. Mais je t’ai donné mon cœur, de toute la force de mon amour, et tu ne l’as pas ...