1. Intermezzo - Première partie


    Datte: 05/04/2019, Catégories: fh, vacances, mélo, nostalgie, regrets,

    ... chose, par terre. Coincée entre deux feuilles d’un bouquin jeté là sur le parquet, une photo dépasse par un angle. Lentement, je la tire vers moi, puis l’observe avec curiosité. Photo amateur. Et elle, toujours elle, souriant de toutes ses dents à l’objectif. L’objectif se trouvant être toi, certainement. Je ne ressens rien en voyant cette photo, pas de serrement au cœur, pas d’envie de pleurer. Je l’ai toujours su, de toute manière. Que je ne serais jamaiselle, que je ne pourrais jamais compter dans ta vie. Ça ne change rien, d’avoir des preuves de votre amour, ou de ne pas en avoir. Qu’est-ce que ça pourrait bien changer ? Une fois mon thé prêt, je m’assieds à la table, songeuse, et avale mon petit-déjeuner presque mécaniquement. Je ne sais pas ce que tu as projeté de faire aujourd’hui, mais j’ai envie de rester seule, de découvrir la ville par moi-même. On verra bien. Un petit coup de ménage après, je suis toujours là, je tourne un peu en rond, je sors sur le balcon. Brise parfumée. Soleil haut et chaud. Ciel dégagé. J’aperçois même la chaîne du Mont Blanc, entre deux bâtiments. J’admire la vue pendant un moment, heureuse, simplement heureuse. Heureuse d’être là, vivante, en vacances, et de savoir que si j’ai un problème, il y a aura quelqu’un pour m’aider. Et ce quelqu’un, ce n’est pas n’importe qui. Je suis si heureuse de t’avoir revu, malgré tout. Un dernier regard, hanté par des images surannées, puis je file dans la salle de bain. Quand je reviens des courses, tu ...
    ... es arrivé. Tu regardes la vue, comme moi deux heures auparavant. Au son de la porte qui s’ouvre, tu te retournes, et me souris avec chaleur. – Ça va ? demandes-tu. – Oui… Je ne pensais pas que tu serais déjà là. Tu viens vers moi, nos regards se croisent, puis tu me délestes du poids des sacs du supermarché, et te rends à la cuisine. Je te suis. Tu me remercies alors pour avoir effectué ces achats. Je réponds malicieusement que ce n’est pas que pour toi, toute cette nourriture, et tu me souris ; puis ton regard se fige quand tu tombes sur la boîte de préservatifs, que j’ai été obligée d’acheter spécialement en pharmacie. Je détourne les yeux. Tu me remercies encore. Je me sens mal à l’aise, depuis que j’ai deviné ta gêne. Je retourne devant les baies vitrées, histoire de reprendre une contenance. Je n’aurais pas dû acheter cette boîte. Maintenant, tu vas croire que je n’attends qu’une seule chose de toi, c’est que tu me fasses l’amour encore et encore, avec toute ma soumission et toute ma participation ; et pourtant, je suis loin d’être d’accord avec tout ça. Je crois ne pas avoir eu le choix. C’est vraiment désagréable de penser ça. Je suis supposée être libre, et je suis au contraire en train de me dire que je n’ai pas vraiment décidé de franchir cette étape avec toi. Elle est venue toute seule, cette situation dérangeante, comme naturellement, sans que ni l’un ni l’autre nous n’ayons rien demandé. Pour la première fois depuis mon arrivée ici, je me pose la question : les ...