1. Une petite amourette


    Datte: 06/05/2019, Catégories: fh, fplusag, boitenuit, danser, Collègues / Travail amour, cérébral, revede, nonéro, amourcach, regrets,

    ... je suis tétanisée, je ne me contrôle plus qu’à grand-peine. Se peut-il qu’il m’aime ? L’idée enfle, s’impose, devient conviction. Je lutte, cherche à contrer cette joie illusoire autant qu’illicite. En vain ! Le bonheur défendu me submerge, que mon cœur seul ne peut contenir. Quelle journée magnifique ! Le printemps resplendit, les verts dominent : les verts tendres des feuillages immatures, les verts sombres des épicéas et autres résineux, les verts léchés des pelouses fraîchement tondues et les verts chatoyants des prairies ondoyant sous la brise, lesquels cependant n’égaleront jamais la nuance sans pareille des yeux merveilleux de l’amour de ma vie. Le souffle du vent dépouille les pommiers en fleurs et dissémine alentour le tapis des pétales. Les tulipes déploient en grand leur corolle pour un ultime salut tandis que les iris dressent leurs panaches parés de couleurs majestueuses. La palette de l’arc en ciel défile devant mes yeux et participe de la fête pour égayer la journée mémorable, les violets ardents et les mauves tendres, les jaunes innombrables et les blancs immaculés, les rouges agressifs et les bleus satinés, celui des myosotis et celui des pervenches. La vie est belle ! Les lilas et les glycines embaument les senteurs entêtantes, aphrodisiaques. Ce soir, pour la première fois, j’imagine être dans les bras d’Arnaud pendant que mon époux me fait l’amour. Mon enthousiasme est décuplé. Un orgasme d’une intensité inédite et d’une durée inégalée me propulse sur une ...
    ... orbite stellaire au milieu de la voie lactée. De ce jour, la « tierce présence » dont le talent fait merveille, fraye de plus en plus dans la couche nuptiale. Je la convoque pour orchestrer les rapports conjugaux, lesquels reprennent la vigueur et la chaleur qu’ils n’auraient jamais dû perdre, pour le plus grand plaisir de mon époux autant que le mien. Le succès endort mes scrupules, ma conscience rebelle est muselée, privée d’arguments puisque Martial y trouve son compte. Pour être hypocrite, le prétexte n’en est pas moins efficace. La « tierce présence » s’enracine, le génie de mes pensées ne me quitte plus, lui seul peut me conduire à l’orgasme. Je me pâme sous les caresses de ce compagnon fidèle. Je l’invite à partager mes entractes solitaires que je multiplie à l’envi sans plus pouvoir m’en passer. Mes journées sont languides et mes nuits torrides. Si j’en étais restée là, tout aurait été pour le mieux dans le meilleur des mondes mais ne voilà-t-il pas qu’il me vient l’envie inconcevable de quitter le monde virtuel, d’affronter la réalité, de tout avouer à Arnaud, de déclarer mon amour, de confesser mon désir, mon appétit, ma faim. Je perds la tête et suis prête à me vautrer à mon tour dans la fange, dans cette duplicité que j’exècre chez les autres. La chair est faible, je veux Arnaud mais ne veux pas perdre Martial pour autant. — N’y a-t-il pas des arrangements envisageables ? Allo Satan ! De l’aide. Je caresse l’idée, pèse le pour et le contre, refoule les craintes, ...
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