Une petite amourette
Datte: 06/05/2019,
Catégories:
fh,
fplusag,
boitenuit,
danser,
Collègues / Travail
amour,
cérébral,
revede,
nonéro,
amourcach,
regrets,
... démolit les doutes. La valse-hésitation dure des jours et des jours avant que je me décide. Oui ! Je veux, je vais tenter ma chance. C’est décidé, « l’Association » m’en donne l’occasion. Elle organise une petite fête sans prétention pour réunir tout son monde, le personnel et les usagers, comme les aidants familiaux. Mon cœur bout de tout ce que je vais dire à Arnaud, ma pauvre tête n’en peut plus d’avoir tant récité la leçon, d’avoir tant astiqué la prose aussi bien que les vers et la diction autant que l’intonation. Et ce n’est pas tout ! Le coiffeur ne jure que par moi, la manucure ne connaît que moi, sans parler du bijoutier auquel j’ai abandonné une bonne partie de mes économies. Je me fais belle pour Arnaud, rien que pour Arnaud. Mille fois, pas moins, j’ai passé ma tenue en revue, des heures j’ai expérimenté mes sandales à talons « d’échassiers » et « j’vous dis pas » le maquillage, le rimmel, le mascara et autres onguents dont nous, les femmes, faisons trop souvent usage. C’est sûr, je vais bégayer tant la fébrilité m’étreint, il faut que je me calme. Les écoliers chantent « bientôt les vacances » et la venue de l’été. Le soleil brille dans le ciel et dans ma tête quand je me prépare à déclarer ma flamme. Arnaud est en compagnie de ses collègues féminines. Mon impatience pousse la vapeur, je le rejoins au pas de charge sans plus me contrôler et le hèle en même temps, sans prendre le temps de respirer. — Ouf,… Arnaud,… ouf, je suis… ouf… contente… ouf… de vous ...
... voir, bafouillé-je lamentablement, haletante, à bout de souffle, tandis qu’il étreint mes épaules et pose les deux bises réglementaires sur mes joues.— Carole, je vous présente ma fiancée, poursuit-il en se tournant vers une jeune fille, postée à proximité. Le ciel me tombe sur la tête. Je reste sans voix, bouche ouverte à gober les mouches. — Carole, ça ne va pas ? Reprend le gaillard alarmé par mon air ahuri.— Non, non, ça va bien,… euh, félicitations mademoiselle, bredouillé-je bêtement, l’esprit encombré de toutes les fadaises que je m’apprêtais à dire à Arnaud, tandis qu’un sanglot m’étreint la gorge. Les larmes ne sont pas loin, que je ne pourrai pas longtemps retenir. Je salue tristement tout le beau monde et aussitôt qu’il m’est possible, tourne les talons traînant ma contrariété et le gros chagrin à mes basques jusqu’en un recoin secret où je largue mon fardeau et les pleurs. On ne m’y reprendra plus à m’illusionner de la sorte. Un tel choc n’est pas sans conséquence. Les répercussions physiologiques sont nombreuses : je me traîne, j’ai mal à la tête, je ne dors plus, je ne mange plus et n’ai plus goût à rien. Le toubib diagnostique une asthénie nerveuse et me colle une pharmacopée hallucinante. Ma mère s’inquiète, les filles sont tracassées, les collègues au boulot me regardent avec suspicion comme si j’étais contagieuse, Martial mon époux se lamente et supporte plutôt mal le sevrage. Je baise plus. Bernique ! Il me faudra plus d’un mois pour me remettre. Depuis ...