Le prix à payer (3)
Datte: 21/06/2019,
Catégories:
Hétéro
... nous fait mariner depuis des mois, il chipote, il tergiverse, à tel point qu’on se demande s’il n’est pas en train de nous mener en bateau, s’il ne va pas nous laisser en plan à un moment, nous et notre contrat. Vous savez, c’est un gros contrat, Irène, il y a un gros enjeu financier, il y va de l’avenir de l’entreprise, qui, je vous le rappelle, n’est pas franchement florissante. Et nous sommes dans le même bateau, Irène." Elle était très énervée et cherchait à dissimuler son agacement. Qu’est-ce qu’il croyait ? Que Buzzato allait signer le contrat juste pour ses beaux yeux, à elle ? " - Mais, enfin, de quoi avez-vous parlé ? — De tout, de rien… en tout cas pas de l’affaire." Et elle enchaîna : "Vous savez, Mr Buzzato est suffisamment fin pour comprendre qu’on voudrait le faire parler, et suffisamment rusé pour ne pas dire ce qu’il n’a pas envie de dire… — Et vous, vous n’êtes pas assez fine, manifestement" ajouta-t-il. C’était tellement méprisant, tellement bas… elle ne s’attendait pas à ça ! Elle eut envie de pleurer. Elle eut soudain envie d’être dans les bras de Buzzato, ce Fabrizio, ce bel Italien, ce bel homme au teint hâlé, à la voix chaude, il l’aurait consolée avec tendresse. Arrivant à l’entreprise, elle descendit de voiture, ne dit pas un mot et se dirigea directement vers son bureau, sans se retourner, sans un regard pour les deux hommes. Elle rentra dans son bureau, s’assit dans son fauteuil, souffla profondément. L’entretien entre les deux hommes, porte fermée, dura manifestement plus d’une heure. Elle n’en eut aucun écho. Elle vit Fabrizio, comme un chat, entrer tout doucement dans son bureau. Il lui prit la main, murmura : "Au-revoir Irène, à bientôt." Il vit qu’elle avait les yeux humides mais il s’éclipsa très vite. Lefranc était sur ses talons, qui attendait, et il le savait.