Le papyrus d'Anubis
Datte: 06/07/2019,
Catégories:
fh,
hotel,
... des trucs comme ça, dit-elle en pointant du doigt le petit tube de cuir noir, ouvre-le, tu verras, c’est une merde pour touriste avec un papyrus minable dedans. Tu t’es fait avoir de 50 Livres c’est tout, n’en fais pas un plat…merde.— Chantal, je t’en prie, c’est pas une blague, c’est arrivé réellement, je déconne pas.— Alors ouvre-le, tu verras bien, me rétorqua-t-elle avec un mauvais sourire.— Ok ! je l’ouvre lui répondis-je, excédé… L’embout du tube était collé par le temps, le cuir bouilli s’était solidarisé avec le corps de l’étui. Mes torsions étaient vaines et je craignais de l’abîmer. Chantal n’eut pas ces préventions, elle s’empara d’un couteau de table posé près de son couvert, saisit le tube dans mes mains et le décalotta comme on sabre une bouteille de champagne d’un glissement sec de la lame sur le tube. Elle dirigea l’ouverture à une distance raisonnable de ses yeux dans l’espoir d’en apercevoir le contenu. Une expression amusée s’inscrivit sur son visage, elle tourna le tube vers moi, j’inclinai la tête pour essayer de voir le contenu : il était vide ! Pendant un court instant nos regards se mélangèrent, dans ce temps suspendu se concentrèrent toutes les forces d’un conflit dont les feux rougeoyaient déjà dans les pupilles de Chantal, et puis tout à coup nous entendîmes un petit chuintement, comme le petit sifflement d’une bouée qui se dégonfle, un mince filet de particules s’échappait de l’orifice de l’étui, on aurait dit des milliers de moucherons ou une ...
... pluie de pollen, bientôt un nuage nous enveloppa. Quelques secondes plus tard tout était redevenu normal, Chantal me regardait avec des yeux que je ne lui connaissais pas, toutes traces de fureur évanouies, et moi j’avais perdu le contrôle de mon corps qui semblait vivre sa propre vie. Les premiers mots que j’entendis sortir de la bouche de mon amie, étaient prononcés dans une langue que je ne connaissais pas, et la même langue utilisa mes cordes vocales pour lui répondre. Je ne connaissais pas cette langue, mais je la comprenais : ces mots étaient doux et parlaient d’amour et de retrouvailles. Chantal s’adressa à moi, et je sus que ces mots en langue étrangère m’étaient destinés : Force et Vie, Seigneur Rahotep. J’ai tant aimé la vie, j’ai tant fait l’amour pour la gloire de notre Mère la divine Isis et sa servante Sekhmet, lui offrant mon corps et mes orgasmes comme autant de dévotions, qu’au jour de rejoindre ma demeure d’éternité j’ai demandé au Maître tailleur de pierre, de sculpter nos images pour le voyage dans le monde éternel et d’y dissimuler le papyrus du Très Saint Anubis gardien du passage. Le Seigneur Rahotep et moi-même avions fait le voyage, remontant le Fleuve Dieu, vers le centre du monde : le Grand Temple où vie et mort se succèdent dans le rythme des jours sous la protection des Grands Prêtres du Créateur de Tout, le Tout Puissant, le Magnifique, Notre Dieu : Amon. Tout autour de la Maison du Maître des Dieux et jusque derrière les grands pylônes, exerçaient ...