1. Mon patron, cet abruti (2 / 7)


    Datte: 22/07/2019, Catégories: nonéro, humour,

    ... dans ses bureaux. Je n’ai pas dit qu’il ne les aime pas. C’est même plutôt le contraire !— Mais alors ? L’eurasienne me regarde et adopte un ton conspirateur : — C’est sa femme qui n’aime pas les blondes.— Sa femme ?— Sa femme. Elle s’appelle Kelly. Une grande rousse. Tu as dû la croiser ce matin, non ? Cheryl croque un morceau de concombre. — Je suis sûre qu’elle te hait déjà, dit-elle avec un petit sourire satisfait. Il me semble soudain que le morceau de salade que je viens d’avaler était couvert de limaces. -oOo- Nous débarrassons la table et fourrons tout dans le lave-vaisselle. Je me sens un peu bizarre, tant la charge émotionnelle de cette demi-journée a été intense. J’ai l’impression que par moments Cheryl se paie ma tête, mais ce n’est sans doute qu’une impression. Par contre, et à l’évidence, elle se réjouit du bon tour qu’elle vient de jouer à son patron - et à sa femme - en me faisant engager, moi, une authentique blonde, même pour quelques mois seulement ! — Sois prudente, me conseille-t-elle. Tu te doutes bien qu’à la moindre incartade, le boss et sa dévouée adjointe vont te faire des emmerdements. Pas besoin de me faire un dessin ! — Évidemment, reprend Cheryl, si le boulot ne te convient pas, tu peux toujours démissionner, mais ça leur ferait trop plaisir. « Et toi ? Tu serais frustrée, pas vrai ? » imaginé-je aussitôt tout en me demandant pourquoi elle semble tenir tant que ça à contrarier son patron. Il me semble être l’instrument d’un complot, et je ...
    ... n’éprouve aucun plaisir à l’idée de me laisser manipuler. D’un autre côté, je m’avoue avoir trop besoin de ce boulot, et surtout du fric qui va avec, pour y renoncer pour si peu. Inutile donc de jouer les difficiles. — Je n’ai pas l’intention de démissionner, dis-je avec force en me redressant.— Tant mieux ! s’enthousiasme Cheryl. Nous sommes debout l’une en face de l’autre. Elle me sourit, et je me dis qu’elle est vachement belle et fichtrement sympa. S’il n’y avait cette étrange histoire de blondes, je pense que nous pourrions devenir amies. Je décide de tenter le coup. — Dis-moi… Tu as vraiment fait exprès de me choisir parce que je suis blonde ? Ma question semble la surprendre. — Pas du tout, se défend-elle. Je t’ai choisie parce que ta compétence en matière de traduction de documents ne fait aucun doute ! C’était toi la meilleure, un point c’est tout.— En dépit de mes cheveux blonds ? Elle secoue la tête, me prend les bras. — N’en fais pas une fixation. Je m’en fous, que tu es blonde, et j’emmerde cet abruti de Darville et sa pétasse de bonne femme. On a un travail à mener à bien, et les délais sont toujours calculés au plus juste, mais on va y arriver, crois-moi ! Quand ils verront ce qu’on aura réussi à faire, leurs préjugés stupides iront aux ordures.— Ou au frigo. De toute façon, je ne suis là que pour quelques mois, non ?— Oh ! Marielle ! Ne sois pas pessimiste. Tu n’es pas seule, crois-moi. Elle me regarde avec tellement de chaleur, elle est si proche de moi et la ...
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