Les larmes d'Antigone
Datte: 24/07/2019,
Catégories:
copains,
nonéro,
portrait,
Collègues / Travail
... Je m’en moque, il va tout nous raconter sinon… tout nu. Élodie vint poser sa tête sur mon épaule et m’entoura de ses bras. Je sentais son parfum, la douceur de sa peau contre la mienne, sa chaleur. J’allais avoir beaucoup de mal à me concentrer et à ne pas penser à autre chose ! — Première question à Monsieur Mickael : as-tu une copine ?— Euh…— Attention, je t’arrache ton T-shirt si tu mens.— Bon, alors, je n’ai pas de copine.— Bien répondu. De toute façon, je connaissais la réponse à l’avance. Deuxième question : avais-tu plein de copains quand tu allais à l’école ?— C’est quoi ces questions nulles ? Finalement je préférais encore quand tu m’interrogeais sur ton tour de poitrine.— Ne dis pas de bêtise et arrête de te défiler, pour une fois assume ce que tu es. Je répète : avais-tu plein de copains quand tu allais à l’école ?— Bien sûr que j’avais des copains, comme tout le monde.— Menteur, je suis sûre que tu étais toujours tout seul dans ton coin. Dès que tu essayais d’aller vers les autres, ils se moquaient de toi. Alors, à force de prendre des gamelles, tu as fini par te persuader que tu étais le vilain petit canard de la classe et tu t’es enfermé dans ton monde imaginaire. Ce qui t’angoissait le plus c’était la récré quand les autres s’amusaient ensemble et que tu restais seul, à arpenter la cour, en attendant que la classe reprenne. Je n’ai pas raison ? Une fois de plus, ce qu’elle disait était vrai. En quelques phrases lapidaires, elle venait d’étaler ce que j’avais ...
... toujours essayé de cacher aux autres et que je ne voulais même pas regarder en face. — Mais ce n’est pas possible, c’est de la magie, vous lisez en moi comme dans un livre ? C’est quoi votre truc ? Anne-Sophie posa ses papiers et me regarda en souriant doucement. — Tu n’as pas encore compris ? Ton histoire on la connaît par cœur. Ton histoire, c’est notre histoire. Nous sommes passées par tout ce que tu as vécu, la solitude, le rejet, cette impression de ne même pas exister, d’être transparent. Jusqu’au jour où on se demande à quoi ça sert de vivre puisque le bonheur ce n’est que pour les autres, les « normaux ». Je tombais des nues, ce n’était pas possible, j’avais dû mal comprendre. — Mais… vous vous trompez… vous êtes si différentes de moi, si brillantes, si à l’aise en société. Élodie est une artiste exceptionnelle, j’ai vu ses dessins et je sais aussi pour le théâtre et la musique. Anne-Sophie, j’ai lu ton curriculum-vitae, tu es mille fois plus intelligente que moi. Élodie mit ses bras autour de mon cou et commença à tout me raconter. — Au collège, j’étais nulle et je ne causais à personne. Tout le monde me rejetait, je n’avais aucune amie. La seule chose qui m’intéressait, c’était le violon. Je me suis fait virer de partout. Asociale, tendance rebelle, a-t-on dit à mes parents. « Et ne pensez même pas à une carrière dans la musique, avec son caractère insupportable, personne n’en voudra ! » Les pauvres, ils étaient désespérés. J’écoutais, incrédule. — Toi, tu ne parlais ...