Les larmes d'Antigone - Histoires de Sexe

Les larmes d'Antigone

... j’essayais de t’allumer, plus tu te renfermais dans ta coquille. Ça a duré des semaines et ta seule réaction était de mettre le nez dans ton travail. Tu étais trop grave, il fallait vraiment qu’on prenne les choses en main pour t’aider à t’en sortir.— Et tout était préparé à l’avance ?— Pas du tout, on a improvisé. Faire du théâtre ça permet d’être à l’aise dans toutes les situations. Je peux te poser une question difficile ? Je m’attendais au pire mais je ne pouvais pas refuser. — Vas-y.— Est-ce que tu as aimé au moins ? Et dis-nous la vérité, s’il te plaît. Je souris avant de lâcher ce que j’avais sur le cœur. — On recommence quand vous voulez, les filles.— Eh bien pour l’instant, on va en rester là, déclara Anne-Sophie. Tout le monde descend, on est arrivé à destination ! Ce fut une journée magnifique, une journée comme j’en avais toujours rêvé, pleine de rires, d’amitié et de complicité. Les filles me firent faire cent fois le tour des boutiques, je dus donner mon avis, et bien sûr me débrouiller pour qu’il soit identique au leur, sur tous les maillots, tous les petits hauts, toutes les robes, toutes les fanfreluches qui pouvaient bien se vendre. Je dévalisai pour elles tous les glaciers, tous les marchands de gaufres, de crêpes et de bonbons du front de mer. Élodie dessina des dizaines de caricatures, s’attaquant à tous ceux qui croisaient notre route et avaient la malchance de nous déplaire : la grosse dame qui s’empiffre de crème chantilly, le serveur du café qui ...

... ne supporte pas les touristes, le m’as-tu-vu qui louche dans son décolleté… Anne-Sophie manqua de nous faire mourir de rire avec ses mimiques, ses réparties et son humour au vingt-cinquième degré, incompréhensible sauf pour nous. Puis se fut le pique-nique sur la plage, au soleil couchant. Élodie, sans doute inspirée par le paysage, était intarissable sur la mer dans la civilisation grecque, et les étoiles brillaient déjà depuis longtemps dans le ciel quand Anne-So profita d’un instant où elle reprenait son souffle pour l’interrompre. — Je crois que Mickael a encore quelques questions à poser. Je répondis sans détours, si heureux de partager leur complicité. — Anne-So, comment as-tu deviné?— Facile ! Tu as réalisé cinquante mesures. Pour deux d’entre elles, ta procédure a duré si longtemps que l’amplification génique finale a forcément été altérée. Tu ne pouvais donc publier que quarante-huit mesures fiables. Puisqu’il y en avait cinquante dans ta série, pas besoin de te faire un dessin pour deux d’entre elles…— Et moi qui croyais que tu ne prêtais jamais attention à ce qui se passe autour de toi !— Disons que j’ai la faculté de pouvoir faire plusieurs choses en même temps. C’est un gros avantage dans la vie. Mais à part cela, ton travail est vraiment excellent.— Venant de toi, c’est le plus beau compliment du monde. Et pour l‘informaticien ?— Je te voyais farfouiner partout dans ton ordi puis, un jour, tu as mis le nez dans l’annuaire du labo, à la dernière page, dans le ...