1. Les larmes d'Antigone


    Datte: 24/07/2019, Catégories: copains, nonéro, portrait, Collègues / Travail

    ... bien sûr, ce ne sont que des croquis, des études, mais les plus intéressants lui serviront de base pour des toiles. Maintenant, voici quelque chose qui devrait vous intéresser. Vous allez comprendre pourquoi je vous tout de suite reconnu, me dit elle en me tendant un autre cahier. Je restai sur place ! Sur des dizaines de pages c’était maintenant mon visage qui s’étalait, comme dans le carnet consacré à Anne-Sophie. — Vous avez vu ce talent, cette maturité ? Impressionnant pour quelqu’un d’aussi jeune ! Peut-être, mais c’était quand même inattendu ! Et le plus invraisemblable, c’est que certains dessins avaient été réalisés le jour même ou nous nous étions croisés pour la première fois au laboratoire. Moi qui pensais qu’elle n’avait même pas remarqué ma présence. La petite dame me donna ensuite un gros bloc de papier. — Tenez, ceci va sûrement beaucoup vous plaire. Mademoiselle Élodie ne fait pas que des portraits, elle excelle aussi dans le nu. L’angoisse me saisit soudain. Que pouvait-il y avoir sur ces pages ? Je dépliais la couverture avec appréhension et espoir… Gagné, c’était Anne-Sophie le modèle ! Des dessins superbes, un corps magnifique, et des souvenirs qui resurgissaient brutalement dans mon esprit. Je parcourais le carnet avec délectation, m’attardant sur les courbes de ses seins ou de ses fesses, découvrant d’incroyables effets de lumière sur ce physique de rêve, oubliant presque la petite dame qui me regardait avec beaucoup d’intérêt. Elle semblait attendre ...
    ... quelque chose. Et ce quelque chose se produisit lorsque, au détour d’une page, je découvris que ce n’était plus Anne-Sophie mais moi qui étais dessiné nu ! Je faillis lâcher le carnet de stupeur ! Je tournais deux ou trois pages : pas de doute, c’était bien moi, et en nu intégral. — Vous avez l’air étonné ! Vous ne me ferez quand même pas croire que vous ne les aviez pas encore vus.— Eh bien non, je n’étais pas au courant, répondis-je sèchement.— Pourtant, vous avez bien posé pour Mademoiselle Élodie, renchérit-elle, amusée.— Posé n’est pas vraiment le mot que j’emploierais.— Comme vous voudrez, mais ils sont vraiment superbes ces croquis. Elle en a tiré une sanguine magnifique. Ce serrait dommage de ne pas la regarder. J’hésitais mais au point où on en était arrivé, qu’avais je de plus à craindre ? — Allons-y, répondis-je d‘un ton faussement détaché. Elle sortit d’un carton à dessin une grande feuille et me la présenta. Ce coup-ci, je failli m’étrangler : Élodie avait osé représenter, avec tous les détails, l’instant même où j’étais en train de jouir, à cheval sur Anne-Sophie. Je m’apprêtais à quitter sur le champ l’atelier mais la petite dame à malice essaya de me retenir. — Je pourrais aussi vous montrer ses toiles, elles sont magnifiques. Il y a des portraits… des nus aussi… de vous… Je me retournai en la fusillant du regard. — Celle ou vous êtes tout nu debout, la tête baissée et les mains dans le dos est certainement la plus belle… ajouta-t-elle à toute vitesse d’une ...
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